Parmi les nombreux événements de la rentrée littéraire figure la publication du nouveau livre d’Antoine Wauters, Haute-Folie. Evénement par les qualités intrinsèques du livre, bien sûr, mais aussi par l’arrivée de l’auteur belge dans la prestigieuse collection «Blanche» chez Gallimard. Il se confie sur ce roman qui le hante depuis ses débuts.
Haute-Folie
Roman d’Antoine Wauters. Gallimard, 176 p.
La cote de Focus: 4/5
Par une nuit d’incendie en des temps incertains, dans une ferme isolée naît Joseph. Fils de Blanche et de Gaspard, disparus tragiquement à la suite de ce drame, il lutte pour trouver sa voie sur ce champ de ruines où les cendres de ses parents semblent encore fumer. Arpentant le territoire dévasté de la folie des hommes, qu’il a reçue en héritage, il s’arme de mots pour «laisser au désespoir le moins de prise possible». Dans sa solitude, la découverte de la terrible vérité lui permet d’envisager enfin de guérir de ce passé qui ne le quitte pas. Ce qui est tu nous tue, pourrait-on retenir de la lecture bouleversante de Haute-Folie, texte contenu mais incandescent dont on garde des images plus encore que des mots, parcouru par cette écriture des lieux qui nous hantent et nous habitent, et même «qui écrivent nos vies».
Comment présenteriez-vous le livre en quelques mots?
Antoine Wauters: J’ai tenté de raconter une histoire de transmission, de l’ordre du transgénérationnel, le parcours de vie d’un enfant, Joseph, qui grandit dans l’ignorance de sa propre histoire. Comment se construit-on sur ces silences? Et sur les cendres de l’existence de nos parents? C’est un livre sombre, mais lumineux aussi, j’espère.
Joseph naît une nuit d’incendie, et on a le sentiment qu’il va passer sa vie à essayer d’éteindre le feu qui le consume.
Antoine Wauters: Exactement. Je suis travaillé par l’idée du membre fantôme. Lorsqu’on est amputé, on dit souvent que la sensation du membre reste. C’est une présence dans l’absence. Joseph est un fantôme hanté par d’autres fantômes. Je voulais montrer comment on peut être habité par l’invisible, par des gens qui comptent énormément pour nous, même si on ne peut pas les voir. Dans son cas, l’immense présence de cette mère qu’il n’a jamais connue. Je ne sais pas d’où ça vient en moi, c’est peut-être parce que mon grand-père était orphelin, et que j’ai pu voir dans son regard cette chose que j’essaie de saisir.
L’une des façons de saisir ces absences, c’est avec les mots. D’abord Joseph vit dans leur absence. Quand les mots, et la vérité arrivent, il dit que sa vie sera à jamais partagée, il y aura un avant et un après.
Antoine Wauters: On a tous des histoires de famille, souvent des secrets. Ce n’est d’ailleurs pas toujours négatif, parfois on cache pour épargner l’autre. Joseph naît dans une famille de gens qui n’ont pas facilement accès à la parole. Des gens taiseux. On en trouve beaucoup dans les campagnes même si pas seulement. J’ai grandi dans un milieu entouré de figures d’immenses taiseux. Ça m’a marqué. Dans la famille de Joseph, les hommes n’ont pas accès au langage. Les femmes non plus d’ailleurs. C’est un roman, je n’ai ni thèse ni théorie, même si le narrateur des passages en italique qui encadrent le récit de la vie de Joseph nous dit en filigrane que la malédiction dans une famille, ce n’est pas tant le drame qui peut arriver que le silence dont on l’enveloppe. . Le livre raconte comment, dans une lignée, quelqu’un un jour ose se dresser, dire tout ce qu’on a voulu cacher jusqu’ici, le mettre en mots. Au fil de son existence, Joseph va tenter de consigner ça dans des cahiers. Il y voit un espoir, ou une possibilité de renverser le cours des choses. Quand il découvre ce que son père a fait, il se rend compte qu’il est lui aussi guetté par la folie. Il est très conscient que «la folie est le pays des souffrances qui n’ont plus nulle part où aller». Sa lutte perpétuelle contre la folie sera dépendante de son rapport au langage, de sa capacité à mettre en mots certains états pour ne pas se laisser dévaster ou brûler par eux.
La Haute-Folie est un lieu, toponymique ici, puisqu’il donne son titre au livre, mais aussi un espace mental, comme un lieu à arpenter.
Antoine Wauters: J’aime bien que vous le lisiez comme ça, c’est comme ça que je le vis. Je pense qu’on a tous des moments dans nos vies où on est sur une ligne de crête. J’ai toujours été très sensible à l’idée que les lieux puissent avoir une incidence sur le cours de nos existences. J’ai l’impression que certains ont une hypersensibilité au rayonnement d’un lieu, à ce qu’il contient, à l’invisible, aux silences qui le peuplent. Quand je traverse des lieux, je sens que des choses s’y sont passées, et l’écriture me permet de sonder de façon précise et troublante cette mémoire silencieuse. En se sens, l’écriture est sûrement le plus court chemin dont je parlais dans mon livre précédent. Un trait d’union entre le visible et l’invisible, une manière de rendre présentes les choses qui ne sont pas là.
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Votre écriture est chargée d’images. Est-ce une évidence pour rendre compte des lieux?
Antoine Wauters: Ce qui est amusant, c’est que je n’ai pas du tout accès à l’image quand j’écris. Je suis enseveli dans un monde de sensations de toutes sortes, mais pas de l’ordre de l’image. Je ne vois strictement rien quand j’écris, j’avance dans une sorte de nuit, guidé par des voix, par des prémonitions, des sensations. Je crois que je suis aveugle quand j’écris, et que l’écriture me redonne la vue, rétrospectivement.
C’est par le biais de l’écriture que les sensations sont transformées en images pour les lecteurs?
Antoine Wauters: Oui, quand on pense aux oracles anciens, ils étaient tous aveugles. Peut-être que pour voir, se rendre disponible à ce qui n’est pas sous nos yeux, il faut accéder à une autre manière de sentir. Je rentre dans une perception du monde très différente. Pour moi, la magie, le miracle, la douleur aussi de l’écriture, c’est de fermer les yeux et de rentrer dans un monde infini, sans temps ni mesure.
Il y a les lieux, l’espace, mais quel est votre rapport au temps dans l’écriture?
Antoine Wauters: Il y a quelques indications qui suggèrent la Seconde Guerre mondiale, mais ça ne me déplairait pas qu’on puisse lire le livre en se disant que c’est un vieux conte qui vient de nulle part, ou ressort de l’oubli, intemporel. Je suis souvent gêné par les histoires trop ancrées temporellement, ou même géographiquement. Mon histoire se passe a priori en Wallonie, mais aussi ailleurs, en Belgique, ou même au Danemark, qui m’a inspiré des paysages. Ce qui me plaît dans les histoires, c’est d’avoir le sentiment qu’on est dans un monde qui existe depuis toujours et pour toujours, qui est à la fois très ancien et très contemporain. C’est ce que j’aime en littérature, ou au cinéma, comme dans L’Apollonide: Souvenirs de la maison close de Bertrand Bonello, qui parle d’une maison close à la fin du XIXe siècle, et par un tour de passe-passe, il donne une ampleur politique à son film en le déplaçant aujourd’hui. Je crois que pour moi, les marqueurs temporels sont suspects, ou à tout le moins problématiques. C’est lié à ma nature, qui fait que je ne me porte pas volontiers vers le contemporain ou le technologique. J’ai une réticence à écrire un certain nombre de choses. Je ne pourrais jamais écrire Google dans un bouquin, je n’aime pas ce mot. Ça m’amène forcément dans quelque chose d’un peu plus désuet.
«Comment trouve-t-on sa place dans des lieux où on a l’impression que l’on ne veut pas de nous?»
Au-delà de la question de la date, le temps est aussi une matière élastique dans votre récit.
Antoine Wauters: On a souvent une vision linéaire du temps, et j’ai essayé de travailler la narration en lui donnant un côté circulaire. Cette idée que le passé n’est pas quelque chose qui serait derrière nous, et qui déterminerait un présent, mais quelque chose qui serait devant nous. Le passé, ce n’est pas seulement quelque chose qui ne passe pas, c’est quelque chose qui se répète. Avec une certaine ironie, sans forcément qu’il s’en rende compte, Joseph va repasser dans des lieux où son père est passé, et dans les états mentaux qu’il a traversés. On peut appeler ça des synchronicités, des récurrences. J’ai essayé d’écrire l’histoire de Joseph de cette façon, mais aussi en laissant beaucoup de blancs et de silences… Si j’essaie d’être honnête, je crois qu’une grande part de nos vies, ou du moins de ma vie, se passe dans une sorte de flou. J’aime être conscient de tout ce que je ne peux pas saisir de moi-même, de tous ces moments où je suis comme absent à moi-même, ces heures où je disparais volontairement parce que je me mets à écrire. Joseph dit à un moment: «Où étais-je pendant tout ce temps?» Je crois que c’est la phrase que j’aimerais voir graver sur ma tombe si j’en ai une. Il y a une partie de moi très terrienne, enracinée, présente à ce qui m’entoure. Mais depuis l’enfance, il y a aussi une partie de moi tournée vers l’intérieur. C’est ce que j’essaie d’explorer à travers Joseph. Un feu intérieur effrayant et fascinant.
Ça revient à la question du lieu. Est-ce qu’il y a des endroits où Joseph existe plus qu’à d’autres?
Antoine Wauters: C’est une grande question… Deleuze parle des «intensités immobiles», Pessoa parle aussi de quelque chose de proche, du fait que pour les gens qui ont beaucoup d’imagination, les voyages sont immobiles. Je crois que Joseph est comme ça. Il sait très bien que, hanté par son passé, il a le sentiment qu’une vie se déroule à l’intérieur de lui-même, mais qu’il faut quand même, aussi, vivre dans le monde. Ne pas lui tourner complètement le dos, se mettre un peu à l’épreuve. A partir de là, il se met en recherche d’un lieu physique où se trouver. On a l’impression que quand il retourne à la ferme de la Haute-Folie, c’est là qu’il pourra se fixer, mais d’une manière qu’on ne s’explique pas très bien, que lui-même sûrement ne s’explique pas très bien non plus. Il part à nouveau, avant de se réfugier dans son dernier lieu, cette grotte. Cette grotte, où il est rejoint par cet enfant, c’est là que j’avais envie d’arriver dans le livre, depuis le début. J’avais l’ouverture du livre, l’incendie, et cette fin, le reste s’est élaboré au fil de l’écriture.
La question du bonheur traverse le livre: quand on naît avec une malédiction, peut-on la transformer?
Antoine Wauters: On m’a souvent dit: «Vos livres sont sombres». Mais pour moi, ce qui est tragique, ce sont des évènements du monde d’une violence inouïe et qu’on ne raconte pas. Et dans nos vies intimes, des drames qui se produisent et qu’on ne parvient pas à mettre en mots. Pour moi, la malédiction est moins dans les choses elles-mêmes que dans le fait de ne pas pouvoir en parler. Si on ne peut pas parler de ce qui nous a blessé, de ce qui nous fait souffrir, je crois qu’on est mort, vraiment. Donc oui, il y a cette espèce de croyance qu’on trouve dans le livre, qu’on retrouve dans les passages en italiques à la première personne. C’est plus que de la littérature, j’y crois profondément, ce qu’on ne dit pas finit par nous tuer à petit feu.
Joseph est très solitaire, mais pas seul, il y a ses proches. Et puis, il se force à vivre dans le monde, parfois hostile. Vous évoquez souvent les autres, «un peuple de punaises de lit».
Antoine Wauters: Je suis né dans un petit village à la campagne, j’ai pu avoir le sentiment à de nombreuses reprises de ne pas être chez moi quand j’étais «chez moi». Ce peuple de punaises de lit, ce ne sont pas les gens de mon environnement direct, mais il m’est resté de mes années d’enfance qu’il pouvait y avoir parfois, dans la vie rurale, une forme de mesquinerie, qui consiste à ne pas permettre à certaines personnes différentes, pour le dire vite, de mener l’existence qu’elles ont envie de vivre. Comment trouve-t-on sa place dans des lieux où on a l’impression que l’on ne veut pas de nous? C’est une expression qui m’est venue très vite, les punaises de lit. La famille de Joseph est très pauvre, elle se fait escroquer par un riche brigand, avant d’être victime du qu’en-dira-t-on. Sa réputation, son honneur sont salis. C’est aussi à cet endroit-là que la santé mentale de Gaspard va se fracasser. Face au jugement des punaises de lit.
Il y a cette adversité chez les autres, mais il y aussi celles et ceux chez qui Joseph va trouver une forme de soutien, et une possibilité de repousser le désespoir.
Antoine Wauters: Les personnes qui se disent entièrement humanistes, soucieuses du genre humain sans réserve, je ne suis pas sûr de les croire vraiment. Il ne peut pas y avoir d’amour réel de l’être humain sans une certaine forme de retrait, de repli, de misanthropie peut-être, sans laquelle on ne peut pas se rendre disponible aux humains qu’on rencontre. Il faut dire que l’on vit dans un monde aujourd’hui où l’on a énormément de contacts, de relations, bien plus que Joseph à son époque, dont le cercle de connaissances doit se limiter à une vingtaine de personnes. Peut-être que l’on devrait connaître moins de monde, mais mieux. Les écouter, pouvoir prendre pour soi une partie de leur expérience, de leur vécu, de leur souffrance.
Quelles sont les origines du livre, quelle est l’étincelle qui le fait apparaître?
Antoine Wauters: La première mouture du livre date de 2009, elle a 15 ans. J’ai commencé à écrire la scène de l’orage, de la foudre qui frappe un vieil arbre, qui embrase à sa suite la ferme de la Haute-Folie. Alors que dans la nuit, un enfant naissait. J’avais ces images, sûrement ne sortent-elles pas complètement de nulle part, peut-être sont-elles liées, d’une certaine façon, à ma famille. Le livre est resté en suspens pendant des années. Je pense que ma vie était en retard sur cette histoire. Je ne savais pas ce qu’était qu’être père, je n’avais pas vécu ce que c’est de ne pas vivre au quotidien avec ses enfants. Je n’étais pas prêt. Et puis je suis tombé sur des archives qui parlaient du village où j’ai grandi, qui évoquaient une scène où un incendie contamine un bois. C’est marrant comme parfois l’écriture permet de dévoiler des régions du réel dont on ne nous a pas parlé. L’écriture est en ce sens un médium qui permet d’accéder à des choses enfouies. J’ai laissé ce livre dormir pendant très longtemps. Mais comme dans tout sommeil, il y avait une part de moi qui y pensait, un travail de l’ombre. Je n’ai repris vraiment le texte qu’il y a deux ans, enrichi de ces quinze années passées. J’ai fait en sorte de tirer le parcours de Joseph, qui était très sombre, vers quelque chose de l’ordre d’une forme de sagesse.
Comment vivez-vous votre publication chez Gallimard qui, pour un œil extérieur, ressemble à une forme de consécration?
Antoine Wauters: En fait, j’ai suivi une éditrice, Charlotte Von Essen, qui me lit depuis mes premiers livres aux éditions du Chêne. Je pense que j’avais fait le tour de ce que je pouvais vivre chez Verdier. Je n’avais plus d’enthousiasme. Il faut de la joie et du partage pour travailler autour d’un texte, et je ne les ressentais plus. Et puis les fondatrices de la maison avaient passé la main. Charlotte m’a recontacté, je lui ai fait lire deux projets, et ses retours, très positifs, m’ont permis d’améliorer le livre. C’est évidemment absolument fabuleux de travailler avec Gallimard. C’est beaucoup de professionnalisme, mais aussi une vraie humanité, malgré l’ampleur de la structure.
Avez-vous toujours voulu être écrivain? Vous souvenez-vous de la première fois où vous avez écrit?
Antoine Wauters: Très bien! Je devais avoir 15 ans. J’ai détesté l’école, et le seul endroit où j’avais l’impression d’être à ma place, c’était dans un cours de français, avec ce prof qui nous faisait lire des livres compliqués, voir des films compliqués. J’écrivais des trucs comme peut en écrire un adolescent, mais j’avais le sentiment que partout ailleurs que dans l’écriture, l’énergie qui était en moi se convertissait en une forme de contestation assez bête, de la violence, de la moquerie, du rejet, alors que dans l’écriture, cette vie que je ressentais en moi, que je ne parvenais pas à exprimer ailleurs, je pouvais essayer d’en faire quelque chose. Dans cette vie où on est condamné à porter des masques qu’on n’a pas choisis pour se faire accepter, il existe un lieu où on peut porter tous les masques que l’on veut, et en faire quelque chose. C’est comme ça que ça a commencé, alors que je n’avais pas du tout le projet de devenir écrivain.
Mais aujourd’hui, vous sentez-vous écrivain?
Antoine Wauters: J’écris de façon consciencieuse et régulière depuis 20 ans, ça occupe une place immense dans ma vie. Mais si je me définis comme quelqu’un qui écrit, je ne me définis pas comme étant écrivain. C’est une nuance peut-être infime, mais qui fait sens pour moi. L’écriture est d’abord un outil de connaissance de soi et des autres, avant d’être quelque chose qui permet de sortir des livres et d’être publié. J’ai dans mon ordinateur des livres qui ne seront jamais publiés, mais que j’ai aimé écrire parce que je voulais vivre un certain nombre de choses. Je vis de mon écriture, j’ai cette chance depuis plusieurs années, mais pour moi la plus grande chance, c’est d’avoir pu faire de ma vie un endroit de liberté. Même si quand on écrit et qu’on est publié, on a toutes sortes de contraintes, et une série d’obligations, c’est quand même prodigieux de pouvoir me dire que ma vie, c’est d’écrire, et qu’écrire permet de penser.
Comment vivez-vous le moment de rencontre entre le livre et ses lecteurs?
Antoine Wauters: C’est marrant, parce que je dis toujours que je ne suis pas très fan des réseaux sociaux, et depuis que le livre est sorti il y a une poignée de jours, je reçois beaucoup de messages de gens qui ont lu le livre, et ça me touche énormément. Ecrire, c’est difficile. Ecrire un livre, c’est toujours pour moi escalader un nouvel Everest. Après il y a une fatigue, un contrecoup terrible, comme un prix à payer. Virginia Woolf en parle très bien. Et penser que le livre puisse trouver une forme d’écho, de résonance chez les lecteurs, c’est une magnifique contrepartie. On a tous une forme de folie en nous, une tare, une malédiction, et comme c’est un conte intemporel, peut-être que chacun peut y retrouver une petite part de lui-même. En tous cas c’est ce que j’imagine en lisant les retours des gens.
Les (rares) Belges de Gallimard
Marguerite Yourcenar
Le nom de Marguerite Yourcenar est à jamais associé à la maison Gallimard. Non qu’elle y ait publié tous ses livres (elle a commencé chez Grasset, Mémoires d’Hadrien fut d’abord publié chez Plon), mais elle y est devenue un nom qui compte, de ceux qui font votre renommée d’éditeur. Yourcenar, à qui le Goncourt pourtant échappa, fut la première femme à intégrer la prestigieuse Bibliothèque de la Pléiade imaginée par Gallimard, où elle est toujours l’une des seules Belges, aux côtés d’Henri Michaux et de… Georges Simenon.
Georges Simenon
L’écrivain liégeois est l’auteur belge le plus lu dans le monde. A première vue, on n’associerait pas son profil d’auteur populaire de romans policiers au «pedigree» Gallimard. Pourtant, dès les années 1930, il est publié dans la «Blanche» (Le Locataire, en 1934). Aujourd’hui encore, il fait partie des best-sellers de la maison d’édition, ses titres étant sortis abondamment en poche, notamment dans la collection Folio Policier. Les trois volumes de la Pléiade qui lui sont consacrés regroupent une trentaine de romans.
Caroline De Mulder
Opérons un bond dans le temps jusqu’au printemps 2024, alors que débarque en librairie le sixième roman de l’autrice Caroline De Mulder, publié dans la «Blanche» (après un passage dans la «Noire» en 2021 avec Manger Bambi). La Pouponnière d’Himmler propose une immersion dans un des Lebensborn patronnés par Himmler, visant à développer la race aryenne et à fabriquer les futurs seigneurs de guerre. Une plongée saisissante dans l’Allemagne nazie envisagée du point de vue des femmes, un roman historique aussi brut que fascinant.
Stefan Hertmans
Connu en Flandre depuis la publication de son deuxième roman, Naar Merelbeke (1994), Stefan Hertmans gagne une stature internationale en 2015 avec la publication d’un premier titre traduit chez Gallimard dans la collection «Du monde entier», Guerre et Térébenthine. Spécialiste des romans historiques ayant un ancrage fort dans le présent, avec une part autobiographique, il voit paraître chez l’éditeur français les deux autres volumes d’une passionnante trilogie informelle sur les traces du passé, Le Cœur converti (2018) et Une ascension (2022).