Critique | Livres

La Fin du sommeil: un autre malade imaginaire signé Paloma de Boismorel

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Paloma de Boismorel © Patrice Normand

Paloma de Boismorel, éditions de l'Olivier

La Fin du sommeil

288 pages

4 / 5
Nicolas Naizy Journaliste

La journaliste et chroniqueuse Paloma de Boismorel signe La Fin du sommeil, un premier roman dans lequel son anti-héros prétend à son entourage qu’il est atteint d’un cancer. Mais la tragédie laisse vite la place à la comédie.

Pierre-Antoine est persuadé d’avoir un cancer. Quelque chose gratte dans sa gorge. Et même si c’est une simple allergie qui est diagnostiquée, il maintient auprès de sa femme Betty qu’un long parcours de soin l’attend. L’occasion peut-être de réveiller les braises du couple à la passion éteinte par le quotidien et le poids des années. “Putain, Pierre, un cancer! Mais tu le fais exprès ou quoi!” Effet raté donc, mais qui ne décourage pas notre architecte de renom, fatigué de devoir dessiner toujours la même maison avec piscine, à récupérer grâce à ce cocasse et fragile mensonge du temps pour écrire le roman mis de côté depuis trop longtemps.

Paloma de Boismorel nous a dit avoir d’abord écrit ce (méta)roman avant de le mettre de côté et de se concentrer sur la quête de spontanéité d’un homme endormi par la vie au jour le jour. Un premier livre conçu comme une comédie tragique fondée sur la recherche d’un essentiel, par le livre notamment (“La littérature m’avait donné l’intuition précieuse d’être relié aux autres”), tout en déroulant l’imbroglio dans lequel Pierre-Antoine s’est lui-même empêtré. Avec énormément d’humour mais aussi la cruelle vérité du peu d’empathie de ses proches. Semblant se promener sur un fil, les mains dans les poches alors que la chute menace, le protagoniste concentre une inquiétude subtilement palpable quant au temps qui passe. Mais aussi une fraîche naïveté, notamment face à l’art contemporain dans cet épisode de vernissage à la galerie que gère Betty, qui enchaîne les personnages au verbe creux. Et la primo-romancière, dans le sillage de son antihéros, de rendre lumineuse –avec un brillant sens du dialogue et de l’intériorité– sa recherche du temps perdu afin de lui redonner toute sa valeur.

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