Critique | Livres

La BD de la semaine: Perico, de Berthet et Hautière

© Philippe Berthet et Régis hautière
Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

POLAR | Le dessinateur de Pin-up veut se consacrer aux polars? Dargaud lui offre sa collection, et Régis Hautière son premier diptyque: du total sur-mesure!

Cuba, 1958. Fidel Castro n’est encore qu’un barbu utopiste coincé avec une poignée d’hommes dans la Sierra Madre. Batista et la mafia règnent toujours sur l’île et les casinos de La Havane, énorme machine à laver l’argent sale produit aux Etats-Unis, voisins et amis. Une ambiance exotique, chaude et luxuriante, que le meurtre d’un mafieux et le vol de sa valise vont bientôt repeindre en rouge et noir. « Six détonations dans la nuit. Le signal de départ. Le coup d’envoi d’un beau bordel. » Qui va voir Joaquin, le jeune éphèbe, prendre la fuite en compagnie de Livia, la vénéneuse, dans ce premier volet de Perico, surnom cubain de la cocaïne, et titre d’un polar en deux tomes chaud, sombre et élégant, parfaitement calibré pour le trait de Philippe Berthet -et cette nouvelle collection Ligne Noire, vouée au genre… et à lui-même.

Le luxe, version Berthet

La BD de la semaine: Perico, de Berthet et Hautière

« L’idée de la collection est née après ce premier projet », nous a expliqué le plus belge des dessinateurs français (il n’a plus quitté Bruxelles depuis Saint-Luc et ses premiers dessins, fin des années 70), quelques heures avant d’inaugurer l’expo-vente que lui consacre la galerie Champaka. « J’aime le polar, c’est le genre qui me convient le mieux. Et j’aime travailler avec des scénaristes différents, intégrer de nouveaux univers, remettre mes certitudes en question. Régis m’a donc écrit ce premier scénario. Zidrou se charge du suivant, qui sera différent, et sans doute en trois tomes. » Régis Hautière confirme: « Philippe était clair sur ses desi- derata et ses envies: éviter quelque chose de trop urbain, explorer une époque et des lieux qu’il n’avait pas encore dessinés et qui se prêtent au genre… Et évidemment tenir compte de son dessin. Moi, j’ai surtout eu envie de lui donner l’occasion de respirer, d’avoir un découpage avec de grandes cases pour ne pas étouffer son dessin et ses ambiances comme ce fut peut-être le cas sur les derniers Pin-Up. »

Dont acte: Perico, et cette collection Ligne Noire joliment maquettée, révèlent effectivement le meilleur de Berthet et de son classicisme revendiqué. Une élégance toute franco-belge qui se marie parfaitement avec les ambiances poisseuses et la violence sourde qui habitent ce nouvel album, effectivement découpé, lui aussi, comme un cadeau à Berthet: on l’avait rarement vu sur d’aussi grandes et belles cases, magnifiées cette fois par des couleurs directes, et elles aussi dans le ton.

  • PERICO (TOME 1), DE PHILIPPE BERTHET ET RÉGIS HAUTIÈRE, ÉDITIONS DARGAUD, 64 PAGES.
  • EXPOSITION JUSQU’AU 09/03 À LA GALERIE CHAMPAKA, 27 RUE ERNEST ALLARD, 1000 BRUXELLES. WWW.GALERIECHAMPAKA.COM

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