Critique | Livres

La BD de la semaine: Hellboy en enfer (tome 1)

Hellboy © Delcourt
Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

COMICS | Mike Mignola revient aux affaires et en enfer avec Hellboy. Un anti-héros culte de la culture comics, au top pour ses 20 ans.

La BD de la semaine: Hellboy en enfer (tome 1)

Anung Un Rama, Hellboy de son petit nom, fils de Satan et d’une humaine, dont une des mains fait office (on vous résume) de clé de la porte des enfers, est à nouveau bien mal barré. On l’avait laissé, au sortir des treize tomes de la série principale telle qu’éditée chez Delcourt, pour mort, le coeur arraché par un dragon après avoir sauvé le monde. Or il est de retour, mais quand même bel et bien mort, et même en chemin pour l’enfer. Une pelletée de monstres et de démons l’y attendent pour solder leur compte, mais c’est évidemment sans compter sur le plaisir sadique et communicatif de son auteur Mike Mignola: « Il lui reste des choses à accomplir. Des choses horribles. » Les nouvelles aventures de Hellboy se dérouleront donc dans les limbes: « Pas tout à fait en enfer. Pas encore. C’est la bordure extérieure. Et vous fixez les profondeurs sans fond du chaos. » Information à laquelle Hellboy répond, comme à son habitude, par un stoïque « Et merde », fidèle à l’esprit de ce fantastique comics, qui mêle depuis 20 ans érudition, vista graphique, premier degré et saillies humoristiques.

Plus Poe que Superman

Mike Mignola a été touché par la force du côté obscur il y a donc 20 ans, après avoir fait ses classes sur Hulk et l’univers Marvel. Or, dès Les Germes de la destruction, l’Américain désormais quinquagénaire a développé avec Hellboy un univers singulier et à nul autre pareil, tant au niveau du graphisme, tenant aussi bien de l’expressionnisme allemand et du clair-obscur que de la grammaire narrative des comics, que par son univers scénaristique, certes rempli de monstres, de super-héros maléfiques, et de luttes du Bien contre le Mal, mais nourri à bien d’autres sources que la bande dessinée américaine: Mignola se réfère plus à Lovecraft ou Allan Poe qu’à Superman dans ses récits, et y multiplie les références érudites et internationales: rien que dans ce premier Hellboy en enfer, démoniaque, spectaculaire et empreint d’une ambiance très anglaise, époque Reine Victoria, Mignola place des références aux rites égyptiens, aux cultes africains, à Macbeth et au poète John Milton… Une richesse parfois gratuite ou un peu lourde qui minait de temps en temps les nombreux one-shots et spin-off qui entourent la série principale, tel BPRD, mais qui retrouve ici tout son intérêt avec le retour aux affaires, au crayon et au scénario de Mignola: ses clairs-obscurs et ses insectes de l’enfer s’avèrent comme à chaque fois d’une étonnante densité, qu’on n’attendait pas d’un comics, et d’un héros avec une queue de fauve, des cornes de bouc et une main en béton.

  • Hellboy en enfer (tome 1), de Mike Mignola et Dave Stewart, éditions Delcourt, 150 pages.

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