Festival BD d’Angoulême: la crise de la quarantaine

© Jean-Claude Denis
Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

C’est reparti, comme chaque année depuis 40 ans: la froide et tristoune petite ville de province d’Angoulême, en France, se transforme en « place to be » de la planète BD, réunissant sur quatre jours des milliers des visiteurs, des centaines d’auteurs, des dizaines d’expos et, cette année, sept prix.

On n’attendait en réalité pas grand-chose de cette édition pourtant anniversaire: le président élu lors de la précédente édition, Jean-Claude Denis, brille par sa discrétion et ne dispose certainement pas d’un budget de fête en ces temps de crise: les gros sponsors ont levé le pied ou carrément le camp, comme la FNAC. Restait bien sûr quelques expos sans doute à voir -à commencer par Uderzo in Extenso, rétrospective symbolique à plus d’un titre; il aura fallu longtemps pour que ce grand auteur populaire soit reconnu dans ce lieu parfois élitiste. Et il l’est alors qu’il passera officiellement la main sur Astérix cette année, marquant une des évolutions significatives de l’édition franco-belge: le développement des marques et l’exploitation des personnages, à l’image des comics, un des rares secteurs en apparent développement.

Bref, c’était la promesse d’un Angoulême un peu morose, avant deux nouvelles qui ont fait l’effet d’un rail de coke sur toute la profession: Benoît Mouchart, directeur artistique et âme du festival, vient de se faire embaucher par le nouveau Casterman, version Gallimard. Et surtout, grande révolution, le mode de désignation du Grand Prix, toujours polémique, est modifié: les auteurs, accrédités au festival, voteront directement dans une liste de seize présélectionnés; le trio gagnant sera ensuite départagé par le jury d’Angoulême, regroupant les précédents lauréats. Parmi les seize: Alan Moore, Chris Ware, Joann Sfar (qui a toujours hurlé sa haine du festival) ou De Crécy, mais aussi Jean Van Hamme, Hermann ou Cosey. Soit le grand écart enfin affiché entre classiques et avant-garde, qui va faire tout le sel de ce festival soudain passionnant. Larcenet, pré-sélectionné, s’est déjà exprimé sur son blog, auprès de ses pairs: « Si d’aventure, certains d’entre vous aviez derrière la tête l’idée de mettre mon nom dans l’urne, ne le faites pas! STOP! Votez Cosey. » Contre toute attente, on devrait bien se marrer à l’Angoulême de l’année…

FESTIVAL INTERNATIONAL DE BANDE DESSINÉE D’ANGOULÊME, DU 31 JANVIER AU 3 FÉVRIER 2013. WWW.BDANGOULEME.COM

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