
En images: La face sombre de L.A., ville du crime et de la corruption

La Cité des Anges nourrit depuis les années 20 l’imaginaire collectif, le cinéma et la littérature de genre. Un livre somptueux célèbre à coups d’archives photos cette icône du Noir.
Qui aime le Noir aime L.A., Los Angeles, la cité des Anges, de Hollywood, du glamour, mais aussi la ville du crime, de la corruption, de la violence policière, de l’Amérique dans ce qu’elle a d’excessif et de pire. La ville-monde d’Edmond Chandler ou de James Ellroy, qui fascine et façonne encore aujourd’hui des pans entiers de la littérature et du cinéma de genre. Un monde, celui de l’entre-deux guerres et de l’apogée du mythe de L.A., dont les amateurs pensent connaître le moindre cliché et pour qui l’éditeur Taschen -à sa manière, toujours spectaculaire- a décidé de rendre hommage via un livre de plus de 800 pages et presque autant de documents d’époque pour revivre Les maux de la Cité des Anges – le versant obscur de Los Angeles (1920-1950).
En huit chapitres habilement découpés, de la naissance de la ville au début des années 20 alors qu’elle n’était, vraiment, qu’un patelin misérable, jusqu’à l’icône du crime et de la corruption qu’elle est devenue dans l’imaginaire populaire, l’Américain Jim Heimann, anthropologue et directeur d’édition chez Taschen, a puisé dans son énorme collection privée mais aussi dans les archives des journaux, des musées et d’autres collections, des centaines d’images d’époque « pour révéler les histoires vraies, glauques et horribles du Los Angeles des années 1920 à 1950. Au fil des ruelles, des bars glauques, des relais routiers, des casinos flottants, des studios de tatouage, des maisons de jeux, des boîtes de nuit et des scènes de crime les plus sanglantes, nous est dévoilée une ville gangrenée par le meurtre, au bord du chaos. »

Un pitch spectaculaire et sensationnaliste, comme les aimait la presse de l’époque qui, du magazine True Detective au bimensuel Confidential, a façonné presque à elle seule toute l’imagerie du L.A. Noir: des articles racoleurs et anxiogènes alimentés de photos noir et blanc à gros grains et qui n’hésitaient jamais à transformer en grand spectacle à suivre le fait divers le plus sordide. C’est le Hush Hush d’Ellroy qui manoeuvre pour alimenter ses colonnes de sang, de sexe et de scandale, et à raison, à voir les tirages et l’influence de leur imagerie sur la culture américaine; True Detective, fondé en 1924, vendra à son apogée des millions de copies -il n’a disparu qu’en 1995.
Du Glamour au Mayhem
Cette sensationnelle banque de données et de photos forme la colonne vertébrale du beau livre de Jim Heimann qui, comme la ville, s’enfonce petit à petit dans la noirceur au fur et à mesure des pages et des années. Le « Glamourland » laisse petit à petit sa place à la violence et au crime, jusqu’au « Chaos » et au « Mayhem » dans lequel drogue, mafias, racisme, crime, violence policière et homophobie vont bientôt se complaire. Un chaudron explosif et multiculturel, à la démesure de la ville, de l’État et du pays, dans lequel Taschen pousse l’expérience et l’immersion en proposant au fil des pages quelques fac-similés de coupures de presse de l’époque, disséminés dans le livre. De quoi faire le bonheur de toutes les tables basses, avant de se replonger dans un bouquin d’Ellroy, Chandler, Fante ou Bukowski.
Dark City: The Real Los Angeles Noir, de Jim Heimann, Éditions Taschen, 480 pages + fac-similés.



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