Critique | Livres

Ebola, grippe aviaire…: le virus, superstar des thrillers estivaux

Franck Thilliez © Didier Cohen
Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

Le virus, évidemment mortel, aura eu la cote dans les thrillers estivaux, du Français Franck Thilliez (Pandemia) au suédois Fredrick T. Olsson (Séquence).

Ebola, grippe aviaire...: le virus, superstar des thrillers estivaux

Ça ne devrait être une surprise pour personne: on va tous mourir. C’est pourtant cette évidence qui a fait en grande partie le succès remarqué (à défaut d’être tout à fait remarquable) du dernier thriller scientifique de Franck Thilliez, devenu en une dizaine de romans l’un des meilleurs vendeurs en librairies francophones. Coïncidence ou pas, l’implacable certitude agite aussi le premier roman d’un nouveau Suédois, Fredrik T. Olsson, également branché fin du monde, ou en tout cas des hommes, et ce par la grâce d’un tueur en série redoutable bien qu’infiniment petit: un virus pas si fantasque que ça -pensez Ebola ou grippe aviaire- (re)devenu dans les deux livres l’allégorie parfaite d’un criminel encore plus parfait. « Il est invisible, indétectable, incontrôlable, résume Franck Thilliez. Il se dissimule, se déguise, possède ses complices, ses réseaux, est capable de ravager les sociétés, les hommes et les systèmes économiques, tout en laissant le paysage intact… Le virus tueur est une arme gravée dans l’inconscient collectif, et les pandémies font logiquement peur à tout le monde. Lorsque l’auteur de thrillers et de romans policiers que je suis a visité l’unité de sécurité microbiologique de l’Institut Pasteur, à Lille, tous mes voyants se sont évidemment mis à clignoter! Je cherchais depuis longtemps à m’emparer de ce thème, mais je bloquais. Je ne voulais ni quitter la France, ni tomber dans le cliché de l’hypervirus volé dans un labo ultra secret de l’armée américaine… Les labos de l’institut Pasteur m’ont fourni la clé. »

Le stress de la bactérie

Ebola, grippe aviaire...: le virus, superstar des thrillers estivaux

Pandemia démarre sur une journée de vacances dans le parc du Marquenterre en baie de Somme, et sur la découverte d’un cygne mort. Comme toujours chez Thilliez, la clé réside dans la précision parfois extrême des thrillers scientifiques, et dans cet Institut Pasteur devenu un authentique personnage (et partenaire) du livre, où de vrais superflics mènent effectivement de véritables enquêtes contre de possibles supertueurs. Ajoutez à cette peur primale de la pandémie mortelle celle, plus contemporaine, du bioterrorisme, et vous obtenez de fait le cocktail parfait quoique microbien pour faire frissonner vos lecteurs. Le Suédois Olsson ne s’y est pas trompé, puisqu’il utilise les mêmes éléments, le bon gros complot mondial en plus, pour son premier roman, Séquence, avec des enjeux similaires: rien de moins que la préservation de l’espèce humaine. Ken Follett (Peur blanche), Robin Cook (Contagion) ou Fred Vargas (Pars vite et reviens tard): d’autres, et non des moindres, avaient déjà usé du plus petit tueur du monde. Un meurtrier semble-t-il remis au goût du jour par l’actualité, les avancées scientifiques et un goût prononcé du grand public pour les techno-thrillers qui « sonnent vrais ».

PANDEMIA DE FRANCK THILLIEZ, ÉDITIONS FLEUVE NOIR, 648 PAGES. ***

SÉQUENCE DE FREDRIK T. OLSSON, ÉDITIONS FLEUVE NOIR, 618 PAGES. ***

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