Critique | Livres

Chronique BD: Blake & Mortimer T.22: L’onde Septimus

Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

CLASSIQUE | Le 22e album du duo créé par Edgar P. Jacobs déboule en librairie. Une bonne affaire plus qu’un grand album, symptomatique du succès de la BD rétro.

Chronique BD: Blake & Mortimer T.22: L'onde Septimus

Quels sont les noms, et les chiffres de vente, qui auront marqué l’année 2013 en bande dessinée? A peu près les mêmes qu’en 1960: Astérix, Spirou et Blake & Mortimer! Le premier a fait le buzz ces dernières semaines pour son grand retour sans Uderzo, mais avec plusieurs millions d’exemplaires écoulés; le deuxième achève enfin l’année de son 75e anniversaire, marquée par une overdose de rééditions et de « beaux livres »; les troisièmes reviennent eux aussi, comme tous les deux ans précisément, affoler les compteurs. Le précédent album fut la meilleure vente BD de 2012; ce 22e tome pris en main par un nouveau trio annonce déjà un tirage d’un demi-million d’exemplaires… Interpellant lorsque l’on sait que des tas d’autres nouveautés BD peinent, elles, à en placer plus de 1000. Mais la demande est là, le fétichisme aussi: les stars de la BD d’aujourd’hui sont d’abord celles d’hier.

Marque Jaune, pas jeune

Evidemment, les amateurs du genre, visiblement nombreux, ne feront pas la fine bouche: cette Onde Septimus marque aussi le come-back de Guinea Pig, alias Olrik, leur méchant préféré, dans la « suite » d’une des aventures les plus marquantes du duo british, publiée en 1956: La Marque Jaune. Le savant fou Septimus tente de maîtriser l’Onde Mega, refait d’Olrik son larbin et s’offre même quelques scènes dignes de Matrix, dans un Londres so british et fifties. Le gros roux et le grand moustachu, eux, n’ont absolument pas changé. Même si la patte du scénariste Jean Dufaux se fait sentir dans la perversité intrinsèque de certains personnages, Jacobs serait ravi: même découpage extrêmement serré, même phylactères étouffants, même typo d’époque, même voix off omniprésente, jusqu’à saturation… Bref, rétro jusqu’à l’absurde. Au dessin, les « faiseurs » que sont Antoine Aubin et Etienne Schréder font le boulot: leur style propre est totalement gommé.

Dans le marasme ambiant -chaque jour, une librairie ferme ses portes-, le milieu aurait pourtant tort de faire la fine bouche face à cet excellent plan marketing, mis en place dès 1992 par Média Participations, trois ans après la mort du créateur. L’éditeur a repris l’entièreté des droits, et a constitué d’emblée des équipes d’auteurs, permettant des sorties régulières et un strict respect du cahier des charges et de la ligne originelle. Une manière de faire à l’opposé du principe des « reboot », tout aussi nombreux mais qui tentent de moderniser le retour de vieux héros jusque dans le graphisme: le nouveau « nouveau Michel Vaillant » vient ainsi de sortir, et Monsieur Choc est de retour dans Spirou. Blake & Mortimer, eux, continuent à fixer le cap de ce rétro gaming rigide voir réac: la marque Astérix fait désormais à peu près pareil.

  • Blake & Mortimer t. 22 L’onde Septimus, de Jean Dufaux, Antoine Aubin et Etienne Schréder, éditions Blake & Mortimer, 70 pages.

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