Critique | Livres

« Bien sûr que les poissons ont froid »: le premier roman de Fanny Ruwet

3,5 / 5
© céline nieszawer/leextra:l'iconoclaste

Fanny Ruwet, L'Iconoclaste

Bien sûr que les poissons ont froid

271 pages

3,5 / 5
© National

Allie, la vingtaine bien entamée, vient juste de rompre. Quel meilleur timing pour essayer de réchauffer des amour(ette)s adolescentes? Elle se met donc en tête de retrouver Nour, ce garçon croisé sur MSN alors qu’elle avait 15 ans, sorte d’âme sœur de spleen. Mais cette quête numérique va l’entraîner bien plus loin en elle-même qu’elle ne le pensait. Rythmée par la culture pop des années 2010, ce plaidoyer générationnel pour le droit à échouer, changer d’avis, et même “loser” gentiment séduit d’abord par son indéniable nature comique. On ne sera pas surpris de retrouver sous la plume de Fanny Ruwet un sens de la formule affûté, ainsi qu’un usage diablement efficace des notes de bas de page. L’autodérision est ici de mise, mais pas que. Car ce qui affleure pudiquement derrière les saillies drolatiques, c’est le doute, la peur, la tristesse et la solitude. Bien sûr que les poissons ont froid est aussi une histoire de deuil, de dépression, d’incapacité à trouver sa place. L’air de rien, la jeune autrice propose un nouveau modèle d’héroïne. Avec Allie, alter ego tranquillement paumée, elle élargit la gamme des représentations, et livre en passant un récit vif et enlevé où l’on rit à voix haute, à la forme légère mais à l’arrière-plan grave, qui a, en somme, la politesse du désespoir.

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