Que vaut vraiment le catalogue de Netflix?

Orange Is the New Black, l'une des séries phares de Netflix. © Netflix
Kevin Dochain
Kevin Dochain Journaliste focusvif.be

Une semaine après son arrivée en Belgique, on fait le point sur ce que le géant américain du streaming légal a dans le ventre.

On ne va pas le cacher: c’est avec une bonne dose d’impatience qu’on attendait l’arrivée de Netflix en Belgique. Ayant longtemps vécu au Canada, nous avions expérimenté avec bonheur le système dans son format original, à savoir la location « illimitée » de DVD par voie postale. Et depuis que le streaming musical a fait son apparition chez nous, il y a bientôt trois ans, on était plus que curieux de tester le modèle adapté à la télévision.

Seulement voilà: toute fantastique soit la plateforme du simple point de vue technologique, le gros hic restait de savoir ce qu’on retrouverait dans catalogue du Netflix belge. Après une semaine de binge watching intensif, notre verdict se veut plutôt modéré.

Du côté des séries, il est vrai qu’on trouve facilement de quoi se mettre sous la dent. Les productions maison se multiplient (l’excellente Orange Is the New Black, Derek avec Ricky Gervais, Penny Dreadful avec Eva Green…), tandis que celles des chaînes concurrentes ne manquent pas: Breaking Bad, Twin Peaks, Sons of Anarchy, Walking Dead, Downton Abbey, Californication, Top of the Lake, Misfits, The Killing (dans sa version originale danoise) ou même The Mentalist et Dexter… Il y en a pour tous les goûts, sauf peut-être pour les sérievores qui préfèrent avaler les épisodes au rythme de leur sortie aux États-Unis: il faudra prévoir un retard systématique de 2 à 3 ans.

À noter qu’une bonne dose de séries manquent pourtant cruellement à l’affiche: pas de House of Cards (1) (création Netflix dont les droits appartiennent à… Be TV en Belgique), aucune série HBO (Game of Thrones, Boardwalk Empire, Girls, True Detective…), pas non plus des géniales Louie, Modern Family ou Mad Men, ni même des classiques The Wire, Six Feet Under ou Lost. Déception, forcément.

Autre déception de taille côté séries: un vide quasi absolu du côté des séries francophones (mise à part la surprise de France 2 Les Hommes de l’ombre), et aucun accès prévu pour l’instant aux séries néerlandophones, notamment aux six séries que la VRT a concédé à Netflix… uniquement pour le Nord du pays.

Du côté des films, il faudra plus s’attendre à se retrouver face au rayon DVD dévalisé de l’ex-vidéothèque du quartier qu’à l’intégralité d’IMDB accessible au bout du clic… Nous avons fait le test de passer dix réalisateurs « phares » à la moulinette. Ci-dessous, on a repris la liste (intégrale!) de leurs films disponibles sur la plateforme, soit jamais plus de quatre… et rarement les plus notables.

  • Martin Scorsese: Shutter Island, Les Affranchis et The Wolf of Wall Street;
  • Quentin Tarantino: Pulp Fiction, Jackie Brown, Death Proof et Kill Bill;
  • Michel Gondry: Eternal Sunshine of the Spotless Mind et Be Kind Rewind;
  • Frères Coen: Fargo et The Man Who Wasn’t There;
  • Ken Loach: Looking for Eric et Route Irish;
  • Wes Anderson: Moonrise Kingdom;
  • David Fincher: The Social Network;
  • Tim Burton: Alice au Pays des Merveilles, Planet of the Apes et Charlie et la Chocolaterie;
  • Steven Spielberg: Hook et A.I.;
  • Paul Thomas Anderson: There Will Be Blood.

Du côté francophone, il ne faut pas s’attendre à de grandes surprises, ce qui est disponible sur Netflix ressemblant curieusement aux fonds de catalogue dont les distributeurs ne savent plus trop quoi faire, mis à part quelques jolies surprises (Le Havre d’Aki Kaurismaki, Les Bien-aimés de Christophe Honoré…) et pas beaucoup plus de classiques (4 films de Godard dont A bout de souffle et Le Mépris, mais rien de Truffaut, Renoir ou Pialat). Côté belge, on a eu beau chercher, on n’a pas trouvé grand chose de plus que Le Gamin au vélo des frères Dardenne et Panique au village d’Aubier et Patar.

Au terme d’une semaine de visionnage intensif, on peut également faire le point sur les volumes de téléchargement qu’il est impératif de surveiller: on a notamment, en une soirée séries, consommé quelque 21 Go de données (!) en qualité Ultra HD. Obligatoire donc d’avoir une connexion internet qui tient la route ou, au moins, de vérifier régulièrement les quotas utilisés afin de ne pas faire exploser son budget en fin de mois.

Si l’offre de Netflix reste intéressante de par sa facilité d’utilisation et son prix plus que raisonnable, reste à voir également comment les concurrents plus ou moins directs s’adapteront à l’offre ou l’intégreront. Be TV a déjà réagi récemment en proposant son offre Be TV Go, soit l’entièreté de son catalogue sur tout support et disponible à la demande. Pour quatre fois le prix de Netflix, certes, mais avec du contenu autrement plus récent et audacieux…

(1) La série est toutefois disponible chez nous (sans sous-titres) pour les comptes configurés en anglais. On vous explique comment faire pour la visionner par ici.

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