Critique | Netflix

[la série de la semaine] Maid, sur Netflix: mère courage

Nicolas Bogaerts Journaliste

Sans misérabilisme, Maid raconte la lutte d’une jeune mère, pour s’extraire d’une spirale de violence physique, sociale et d’une pauvreté endémique.

Parfois, depuis son apparition dans le paysage numérique et audiovisuel, Netflix étonne en s’emparant de sujets de société difficiles et d’une actualité brûlante. Après Unbelievable et When They See Us, la plateforme de streaming a sorti de ses cartons Maid, l’adaptation d’un récit autobiographique poignant signé Stephanie Land. Dès les premières images, la détermination d’Alex (Margaret Qualley) se lit dans son regard. Elle surveille le sommeil de son petit ami Sean, s’extrait de leur lit, réveille sa fille de deux ans et quitte un logis miteux qui montre les signes d’une violente dispute: un trou de la forme d’un poing dans un mur, du verre épars sur le sol. La jeune femme fuit dans la nuit à bord d’une voiture cabossée qui roule sur la réserve de carburant.

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Réalisme méthodique

Refuge pour femme battue, office de placement, station-service, snack… Le parcours de la combattante commence pour la jeune mère qui tente de trouver de quoi subsister alors que, sur l’écran, s’incruste discrètement un budget qui se réduit à peau de chagrin. Elle atterrit dans une société qui, façon Uber, envoie des femmes de ménage acheter leur propre matériel avant de récurer de riches demeures en un temps chronométré, pour un salaire de misère. Contrainte de confier sa fille à sa mère fantasque, bipolaire et narcissique (étonnante Andie MacDowell , maman dans la vraie vie de Margaret Qualley), menacée par le retour de Sean, Alex affronte jour après jour les affres d’une condition sociale et économique rendue avec un réalisme méthodique, sans outrance ni surcharge émotionnelle par la créatrice de la série, Molly Smith Metzler. Pas le temps de s’apitoyer, le récit est dense, les personnages secondaires composés avec une minutie parfois excessive -Denise (BJ Harrison), responsable du refuge, et Regina (Anika Noni Rose), avocate endurcie dont Alex brique la maison, ouvrent des cases narratives pratiques. D’un autre côté, le rythme avec lequel elle affronte les écueils et franchit les obstacles, ne lui donne que peu de temps pour les états d’âme. Sur le fil ténu d’une stabilité financière qui tarde toujours à advenir, elle fixe son regard sur les objectifs qui s’égrènent d’une heure à l’autre, d’un jour à l’autre.

Maid dépeint en dix épisodes une réalité banale avec un savoir-faire évident, qui tourne le dos à l’esthétisation des formes modernes de la paupérisation tout en montrant minutieusement leurs ressorts cyniques, et tient son audience en haleine. La performance de Margaret Qualley (The Leftovers) frappe par son intensité et fait le ménage dans nos bonnes consciences pour montrer la réalité crue d’une condition féminine sur la corde raide.

Maid

Drame. Une minisérie créée par Molly Smith Metzler. Avec Margaret Qualley, Nick Robinson, Anika Noni Rose. Disponible sur Netflix. ****

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