Coyotes, la nouvelle série belge en uniforme: « Le scoutisme amenait plein de codes intéressants à exploiter »

La RTBF présente son thriller en uniforme et foulard.
Nicolas Bogaerts Journaliste

La série Coyotes prend comme prétexte un improbable rififi entre jeunes scouts et grand banditisme pour causer adolescences et grands tourments. Le tout emballé dans un thriller qui alterne comédie absurde et angoisse poisseuse.

Le scénario paraît tout droit sorti d’une BD de Mitacq et Charlier. Imparfaite, naïve, parfois maladroite, capable de créer une ambiance à la Ozark pour mieux la débiter sous les coups de boutoir d’une comédie ados loufoque façon Goonies, Coyotes tire son épingle du jeu en assumant sans complexe ses grands écarts. Mais l’atout de cette nouvelle série belge estampillée RTBF réside dans sa jeunesse et la force de cohésion qui lie le noyau d’ados au coeur du maelström: Louka Minnella (Kevin), vu dans La Fille inconnue des frères Dardenne, Sarah Ber (Mangouste), fraîchement diplômée de l’Insas et Kassim Meesters (Furet), jeune acteur tout juste débouté de l’IAD lorsqu’il a décroché son rôle (« Trois mois de tournages de ouf, plutôt que de recommencer une année, c’était un bon deal »).

Coyotes, la nouvelle série belge en uniforme:

Toujours prêts

La patrouille des Coyotes fait partie d’une de ces troupes scout bon teint comme la Belgique en produit par centaines. Kevin, Mouss, Panda, Furet et leur cheffe Mangouste se retrouvent à l’occasion du camp d’été. Plutôt que de se dérouler dans l’insouciance des chants autour du feu et des concours de brelage, celui-ci va virer à la chasse au trésor et à la course-poursuite cauchemardesque. La faute à Kevin, électron libre toujours prêt à se fourrer dans les ennuis et dont la fugue nocturne pour les yeux d’une blonde locale, Marie, l’entraîne ainsi que ses amis dans une sombre histoire de grotte, de cadavre et de trafic de diamants. Entre appât du gain, goût de l’aventure et instinct de survie, ils devront choisir leur camp. Subir les remontrances de leurs chefs et de la police, ou s’offrir aux griffes du caïd local Moyersoen (joué par un frissonnant Steve Driesen) et de ses commanditaires anversois, qui voudraient bien remettre la main sur les cailloux.

Il y aurait une centaine de bonnes raisons, tout au long des huit épisodes, pour que la police ou les parents arrêtent ce camp géré de manière parfaitement irresponsable. Sauf que, comme dans toute bonne fiction ado, les adultes sont plus ou moins absents ou démissionnaires. Notamment le curé local (le toujours sémillant Philippe Jeusette), censé encadrer les jeunes, mais qui préfère s’éclater sur un ring de catch ou au lit avec la commissaire (Isabelle Defossé) et qui reviendra jouer un rôle dans l’issue des événements. Entre-temps, les petits poucets en culotte courte et foulard ne peuvent compter que sur eux et leur esprit collectif.

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« Kevin n’a vraiment personne, dit de son personnage Louka Minnella. Dans sa famille c’est pas très rose: il se fait frapper par son frère et son père… Il ne fait confiance qu’à Furet parce que le cadre dans lequel il vit au quotidien n’est pas sécurisant. Au fur et à mesure, il finit par comprendre que le groupe est là pour lui aussi, qu’il ne doit pas forcément affronter seul les épreuves. » La série fixe les errements lunatiques de l’adolescence, le besoin de reconnaissance commune et de solidarité, la difficulté pour les individualités blessées de se fondre dans un groupe. Le scoutisme, ici, ne semble qu’un prétexte pour travailler ces dynamique intimes et collectives et leurs lignes de fracture. Pour Sarah Ber, qui interprète Mangouste, cheffe de patrouille et autorité de substitution, « le scoutisme amenait plein de codes hyper connus qui étaient très intéressants à exploiter: l’uniforme, l’organisation, la hiérarchie et les rapports qu’ils impliquent« . C’est elle qui prend le groupe en main dans les moments difficiles. « Elle regroupe les esprits quand tout le monde se disperse ou panique, elle cadre et décide en l’absence des adultes et des chefs. Cette manière dont les rapports se défont au sein d’un groupe était aussi quelque d’intéressant à jouer. Il y a donc des liens forts depuis l’enfance entre nos personnages, des enjeux aussi, notamment celui de s’intégrer dans un groupe qui a déjà sa cohésion. Ce sont des questions que tous les ados se posent. »

Coyotes, la nouvelle série belge en uniforme:

Un camp, deux ambiances

Pour Kassim Meesters, la volatilité du scénario, qui le fait passer d’un registre à l’autre, du thriller poisseux à la comédie sentimentale ou à la drôlerie absurde, avec une évidente désinvolture, renvoie à celle qui anime les jeunes âmes en transition: « Passer d’une ambiance ou d’une émotion extrême à l’autre dans le récit, on a très vite comparé ça, entre nous, à l’effet que procure l’adolescence: il y a des haut et des bas, des grands élans affectifs suivis de tragédies, d’accidents, de ruptures puis de réconciliations. Le scénario rappelle ça, ces sautes d’humeur liées à l’adolescence. » Et Louka de rajouter, dans la foulée, que « chacun a amené beaucoup de soi, a exploité la moindre chose pour nourrir son personnage« . Pour Sarah Ber, il ne faut pas oublier que l’ADN de l’ado c’est de cacher ses erreurs aux adultes et de tenter tant bien que mal d’en assumer les conséquences. Dans Coyotes, elles sont particulièrement dramatiques: « Le fait que les personnages centraux sont des ados ne rend pas leurs problématiques moins importantes ou tragiques ou excitantes que celles des adultes. Ils sont à un moment de leur vie où ils n’ont pas toutes les réponses, ils les cherchent. Les moments de friction ou de tension entre eux sont réellement importants, ils soulèvent de vraies questions: à partir de quand peut-on mentir à soi, aux autres? Quelle est la place de l’individu au sein du groupe, du groupe au sein de la société? Quelles sont les valeurs sur lesquelles nous ne transigeons pas? Comment fait-on pour continuer à avancer après un événement grave? » Réponse à partir de dimanche, les p’tits loups.

Coyotes: Série créée par Vincent Lavachery, Axel Du Bus, Anne-Lise Morin. Avec Louka Minnella, Sarah Ber, Kassim Meesters. ***(*)

Le dimanche à 20h50 sur La Une.

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