[l’album de la semaine] Jamire Williams – « But Only After You Have Suffered »

© Ray Spears
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Croisé aux côtés de Herbie Hancock et de Solange, le batteur de jazz Jamire Williams repousse les limites du rap sur un deuxième album déconcertant.

Moses Sumney, Solange Knowles, Herbie Hancock, Blue Orange, Robert Glasper, José James, Jeff Parker… Jamire Williams a un CV aussi garni que son carnet d’adresses. Connu comme batteur et producteur de hip-hop, notamment pour appliquer la pratique du sampling à la composition de jazz moderne, au beatmaking et à son style singulier derrière les fûts, le natif de Houston se présente comme un artiste multidisciplinaire qui papillonne dans la performance sonore, la composition et les arts visuels. En 2016, Williams avait sorti Effectual, un concept album de jazz ennuyeux et indigeste tournant autour de la batterie et des percussions dont Dan Snaith (Caribou) avait d’ailleurs repris l’un des extraits. S’il reste un disque étrange et insaisissable, révélant sa richesse au fil de patientes et attentives écoutes, But Only After You Have Suffered se veut nettement plus passionnant et abordable.

Messages, prières et cris

Publié sur le hautement recommandable label de jazz chicagoan International Anthem (Angel Bat Dawid, Irreversible Entanglements, Ben LaMar Gay…), l’album a été enregistré à Los Angeles dans les studios de Stones Throw. « Il s’écoule de manière fluide et est destiné à être joué jusqu’à ce que vous saisissiez vraiment ce qu’il se passe, commente Williams. Jusqu’à ce que vous compreniez vraiment tous les messages, les prières et les cris. »

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Poétique, spirituel mais empreint de réalité sociale, But Only After You Have Suffered n’est pas le genre de disque dont on fait le tour en deux temps trois écoutes sur Spotify. Que ce soit sur le fond ou sur la forme d’ailleurs. Batterie, synthétiseurs, séquenceurs, mellotrons, saxophone, clarinette… Collages sonores, samples soul… Dans sa diversité, cet album acoustique et électronique a des allures de mixtape, voire de bande originale. Riche et minimaliste, fluide et expérimental, mais toujours particulièrement soigné, il touche au rap et au jazz, au trip-hop et au r’n’b moderne. Just Hold On pourrait être un morceau de Tricky entamé par Moby. L’incroyable Ugly avec Mic Holden renvoie aux ambiances et au flow du formidable Chester Watson.

Le multi-instrumentiste a invité du beau monde. On croise le Parisien Chassol et ses claviers, Carlos Niño et ses percussions, le saxophoniste Kenneth Whalum (Jay-Z, Joss Stone) ou encore le tromboniste Corey King (José James, Esperanza Spalding).

« Ouvrons les fenêtres du paradis pour déverser les grâces que, par faute d’espace intérieur, nous ne pourrions recevoir. » Il y a du Madlib, du J Dilla, du Adrian Younge dans tout ça. Cinq ans après son premier album, Williams ouvre le champ des possibles. Un disque qui s’écoute d’une traite, dans lequel on plonge, s’immerge et se noie avec délectation…

RAP. Jamire Williams, « But Only After You Have Suffered », distribué par International Anthem. ****

© Ray Spears
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