Angel Bat Dawid
« Live »
Le 1er novembre 2019, la clarinettiste, pianiste et compositrice américaine Angel Bat Dawid doit monter avec son groupe Tha Brotherhood sur une scène du Jazzfest à Berlin. Deux jours avant le concert, la formidable jazzwoman apprend que le multi-instrumentiste qui l’accompagne Viktor Le Givens s’est évanoui et réveillé à l’hôpital sans ses affaires. Mais les organisateurs du festival menacent de réduire le cachet de la formation si le musicien n’est pas remplacé. C’est dans ce contexte détestable, cet état d’esprit amer et en colère qu’Angel Elmore (son vrai nom) et ses compagnons grimpent sur les planches. Ça s’entend sur ce live hautement recommandable. Déjà fiévreux pour ne pas écrire furieux à l’habitude, Bat Dawid et son groupe sont tout bonnement déchaînés ce soir-là. « What’s wrong with me? You don’t love me. You don’t love my family. » Cultivant son amour passionné de l’improvisation et son indéfectible engagement, le joyau brut du label chicagoan International Anthem (Ben LaMar Gay, Makaya McCraven) étincelle une heure vingt durant. Sa version de Black Family qui avoisine les dix minutes est une grand-messe. Un hymne free jazz au changement. Un poing levé et ganté pour que les consciences terminent de s’ouvrir aux questions raciales encore restées sans réponse. Deux field recordings se sont glissés dans le disque. Une confrontation avec un employé du Duke Ellington Hotel à Berlin qui lui a demandé d’arrêter de jouer du piano dans le lobby et un bout de son intervention revendicatrice lors d’un séminaire qui avait eu lieu quelques heures avant le concert. Un live vivant, puissant, mordant, politique qui résume sa philosophie: when you are black, being alive is a success…
Distribué par International Anthem.
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