Entretien avec le trio de réalisateurs d’Encanto, le nouveau Disney
Rencontre (virtuelle) avec les trois réalisateurs d’Encanto, l’histoire d’une famille extraordinaire et le soixantième long métrage sorti des studios Disney.
Encantoest appelé à occuper une place à part dans l’Histoire de Disney, le film étant le soixantième long métrage produit par les studios de l’oncle Walt depuis Blanche Neige, en 1937. Sans qu’il y ait de lien de cause à effet, l’histoire gravite autour de ce qui a, de tout temps, constitué l’ADN de la compagnie aux grandes oreilles: la famille. Une famille un peu particulière en l’occurrence, les Madrigal, qui vivent dans une maison enchantée du petit village colombien d’Encanto, et ont tous été dotés d’un pouvoir magique. Tous à l’exception de Mirabel, seule enfant ordinaire au sein de cette fratrie extraordinaire, avec ce que cela suppose d’incompréhension et autres frustrations…
Derrière ce film, un trio de réalisateurs, à Byron Howard et Jared Bush, auteurs de l’oscarisé Zootopia, étant venue s’ajouter Charise Castro Smith, passée par les séries… horrifiques L’Exorciste et The Haunting of Hill House. Un trio auquel on serait enclin d’ajouter Lin-Manuel Miranda, le réalisateur du tout récent Tick, Tick… Boom! pour Netflix étant l’auteur des chansons du film. « Dès qu’il a été question de refaire un film ensemble, Jared et moi, nous avons pensé à un musical parce que nous aimons ce type de narration, explique Byron Howard à la faveur d’un entretien virtuel. À l’époque, Jared venait de terminer Moana, auquel Lin avait contribué. Nous avons donc tout naturellement pensé à lui, et nous sommes allés le trouver à Londres, où il travaillait sur Mary Poppins Returns , il y a déjà des années de ça. Il est très rare qu’un compositeur soit engagé si tôt dans le processus, mais c’était incroyable: nous avons toujours travaillé en symbiose, et avons veillé, avec Charise, à raconter l’histoire compliquée de cette grande famille de manière aussi musicale que possible. »
Un travail de longue haleine, la réalisation d’Encantos’étant étirée sur cinq ans depuis le brassage d’idées initial. « Une des choses étonnantes dans le travail créatif au sein du département animation chez Disney, c’est qu’il s’agit d’un processus itératif, poursuit Charise Castro Smith. Jared et moi avons écrit une première mouture du scénario il y a déjà plusieurs années, en collaboration avec les storyboardeurs mais aussi la fondation culturelle colombienne notamment, et le projet a ensuite connu de nombreuses évolutions. Lin-Manuel a également apporté ses idées, et jusqu’aux comédiens et comédiennes qui enregistraient les voix qui, avec leur faculté d’improvisation, y ont mis de leur personnalité. L’un dans l’autre, je dirais que le scénario a été bouclé il y a trois semaines » (rires). « C’est l’un des luxes de l’animation, enchaîne Jared Bush. Alors qu’en live action, on s’appuie bien souvent sur un scénario gravé dans le marbre et produit tel quel, en animation, on peut l’améliorer et absorber de nouvelles idées, des émotions, des plaisanteries, de l’humour à mesure que l’on progresse. »
> Lire à ce sujet notre critique d’Encanto
Retour en Amérique latine
Le scénario d’Encanto a donc pour cadre la Colombie, un choix qui ne doit rien au hasard, et une première pour Disney, dont le dernier long métrage situé en Amérique latine n’était autre que Kuzco, l’empereur mégalo, il y a 20 ans déjà. « La Colombie nous semblait être l’endroit idéal, parce que c’est un carrefour de musiques, de cultures et de différentes ethnies, ce qui était parfait, souligne Byron Howard. Beaucoup de gens ignorent à quel point ce pays est magnifique. Nous y rendre avec l’équipe a été extrêmement précieux, afin de réaliser combien ce pays est incroyable et ce qui est important aux yeux des Colombiens. Avoir reçu leur confiance pour traduire cela dans Encanto a été une bénédiction et un cadeau, c’est quelque chose que nous avons pris très au sérieux. J’adore mon travail parce que chaque nouveau projet me permet de faire des découvertes, de rencontrer des gens et de grandir. » Si l’histoire se veut universelle, le film, très dense et luxuriant, recèle aussi de nombreux « colombianismes » à destination privilégiée du public local. À quoi les réalisateurs ont veillé à ajouter des éléments de réalisme magique: « J’ai toujours été une grande admiratrice de l’oeuvre de Gabriel García Márquez, c’est une tradition qui a imprégné tout mon travail, déjà comme dramaturge, explique Charise Castro Smith. Mais si nous avons intégré des éléments magiques à l’histoire, il fallait aussi qu’ils soient raccordés aux personnages, à leurs besoins, à leurs désirs et à ce qui les anime au plus profond d’eux-mêmes et dans leurs relations. » Manière de donner un peu plus de relief à cette famille assurément peu banale. De là à imaginer d’autres aventures des Madrigal? » Le monde d’Encanto est vaste…« , souligne Byron Howard, la réponse appartenant en définitive aux spectateurs…
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici