Planches capitales: la BD à l’honneur en septembre

D'Alix au match d'impro entre Spirou et Fluide Glacial, la bd sera à la fête à Bruxelles. © Eric Danhier
Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

Le mois de septembre sera BD à Bruxelles. D’abord avec La Fête de la BD, événement populaire à vocation touristique, ensuite avec le retour du festival Cultures Maison, à vocation culturelle. Incompatible?

Quinze jours ne font pas une année, mais quand même: entre l’expo Alix qui se tient au Cinquantenaire, les quatre bulles géantes installées dans le Parc de Bruxelles, une parade de ballons à l’effigie de personnages BD (dont un nouveau Schtroumpf) dans le centre ou la quinzaine de stars de la BD indé américaine qui exposeront à Molenbeek, Bruxelles peut bel et bien s’enorgueillir d’être (re)devenue une des grandes capitales de la bande dessinée mondiale -sans oublier que le reste de l’année en question, librairies, éditeurs, écoles, salles d’expos et ateliers BD continuent de souffler sur la flamme. Une capitale du Neuvième Art donc avec, en son sein, tous les extrêmes du genre, du populaire au pointu… sans que ceux-ci ne se croisent vraiment. Regrettable? On constate en tout cas que parmi les deux événements BD bruxellois du mois, voire de l’année, l’un possède beaucoup de moyens mais peu de direction artistique, tandis que le second déborde de bonnes idées et de créations, mais a du mal à joindre les deux bouts.

Planches capitales: la BD à l'honneur en septembre

« Fête » populaire…

Le gros morceau, ce sera donc la déjà neuvième édition de la Fête de la BD. Cornaquée par Visit Brussels, l’organe liant Ville et Région pour tous les événements d’envergure, la Fête se veut avant tout populaire et touristique: sur les 100.000 visiteurs attendus tout au long du week-end, près de 40% sont des touristes. Un chiffre que les organisateurs aimeraient encore voir grimper, eux qui ont fait de cette fête le principal argument (et budget) de leur politique touristique axée BD, en complément des infrastructures déjà existantes, comme les fresques ou le Centre Belge de la Bande Dessinée. Mais si les fondamentaux de la formule restent les mêmes depuis près de dix ans -avec un espace « festival » installé dans le Parc, une « Balloon Parade » à l’américaine et un rallye de voitures typiquement belge-, force est de constater que ce sont encore les éditeurs et les opportunités qui dictent la ligne éditoriale de l’événement. Ainsi, la (seule) exposition d’envergure de la Fête est assurée cette année par les éditions Casterman et… le festival d’Angoulême, puisque ce sont eux qui ont monté L’Art de Jacques Martin, la grande rétrospective consacrée au dessinateur français, que Visit Brussels a décidé d’importer au Musée Art et Histoire du Parc du Cinquantenaire et qui restera visible quatre mois. Une exposition certes remarquable pour les amateurs et « rescénographiée » pour coller au lieu et l’intégrer aux collections existantes, mais qui correspond surtout au goût prononcé des organisateurs pour les jubilaires: après les 75 ans de Spirou, les 60 ans de Gaston ou des Schtroumpfs, voilà donc les 70 ans d’Alix fêtés en grande pompe.

Planches capitales: la BD à l'honneur en septembre
© Yoann/Solé

La bande dessinée contemporaine, mais toujours grand public, sera elle surtout visible dans les quatre grandes bulles installées dans le Parc de Bruxelles, face au Palais royal, où se côtoieront une centaine d’exposants dans des manières à nouveau très angoumoisines: des séances de dédicaces à la chaîne, quelques conférences, moult animations, quelques extras, et à nouveau des éditeurs qui organisent leurs propres événements. Ainsi, pendant que Le Lombard organise sa propre Fancy Fair de Ducobu, Dupuis organise pour la cinquième année consécutive son propre Festival Spirou axé sur son actualité, et entre autres une amusante confrontation entre Spirou et Fluide Glacial qui sortent justement cette semaine chacun un numéro spécial où l’un s’empare de la rédaction de l’autre, et vice-versa. Un combat des chefs qui connaîtra son climax ce samedi 15 à Bozar, avec un match d’impro BD (Bercovici et Munuera côté Spirou, Chauzy et Ju CDM côté Fluide) cornaqué par Thierry Tinlot, le seul rédacteur en chef à avoir sévi dans les deux magazines. Le seul, aussi, qui fut un directeur artistique identifié de la Fête de la BD. C’était l’année dernière, pour la 8e édition. Une expérience qu’il n’a pas souhaité poursuivre.

Planches capitales: la BD à l'honneur en septembre

… « Cultures » pointue

Mais une semaine après la Fête de la BD, ce sera encore la fête de la BD, certes dans d’autres lieux, dans d’autres proportions, d’autres ambiances et avec d’autres auteurs -à savoir ceux qui s’expriment dans des « structures d’édition indépendantes de bande dessinée et de narration graphique« . Cultures Maison se relance en effet après deux ans d’absence, et en changeant surtout de crèmerie. Après Saint-Gilles, c’est en effet Molenbeek et la salle LaVallée qui accueillent le festival, ses conférences, ses exposants, ses auteurs et ses deux expositions inédites et cette fois autoproduites. L’une consacrée à la jeune Rebecca Rosen, artiste du cru mais d’origine québécoise, l’autre baptisée Indie Americans et présentant comme son nom l’indique des planches originales de quinze auteurs américains contemporains, parmi lesquels John Porcellino, Ken Dahl, Derf Backderf, Noah Van Sciver, Melinda Mendes ou Chuck Forsman. Soit la crème de la crème, dont deux des représentants devaient être présents. Une présence annulée dans les dernières semaines par manque de budget, l’ambassade des États-Unis ayant finalement décidé de ne pas s’impliquer. L’intervention de Visit Brussels aurait peut-être été bienvenue…

La Fête de la BD, 9e édition, du 14/09 au 16/09 entre autres dans le Parc de Bruxelles. www.fetedelaBD.be

Festival Cultures Maison, édition 2018, du 21/09 au 23/09, à LaVallée, rue Adolphe Lavallée 39, 1080 Bruxelles. www.culturesmaison.be

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