Jean-Pierre Bacri est décédé

Jean-Pierre Bacri, ici à Cannes en 2018 © REUTERS/Charles Platiau
FocusVif.be Rédaction en ligne

Figure du théâtre et du cinéma français, Jean-Pierre Bacri, décédé ce lundi des suites d’un cancer, était un habitué des rôles d’anti-héros râleurs et désabusés mais profondément humains, plusieurs fois récompensé comme acteur mais aussi comme scénariste.

« Il est mort en début d’après-midi », à Paris, a indiqué à l’AFP son agente Anne Alvares-Correa. De nombreuses personnalités politiques ont fait part de leur « tristesse » à l’annonce de son décès, saluant ses talents de scénariste et de comédien, son humour, l’homme « engagé » qu’il était.

Au cours de sa carrière Jean-Pierre Bacri a reçu cinq César, les récompenses du cinéma français: quatre fois le trophée du meilleur scénario avec son ex-compagne Agnès Jaoui (pour Smoking/No Smoking, Un air de famille, On connaît la chanson et Le Goût des autres) et une fois celui du meilleur acteur dans un second rôle pour On connaît la chanson.

Il a été nommé six fois pour le César du meilleur acteur (pour Kennedy et moi, Le Goût des autres, Les Sentiments, Cherchez Hortense, La Vie très privée de Monsieur Sim et Le Sens de la fête).

Parfois catalogué comme l’acteur d’un seul rôle, celui de l’éternel bougon, il détestait pourtant qu’on lui colle « cette étiquette »: « Je ne joue pas toujours des personnages râleurs! », s’était emporté l’acteur auprès de l’AFP en 2015. Pour Bacri, qui n’aimait pas les héros et « ne croyait pas aux types éclatants de bonheur », « traquer le vécu, la sobriété, la pudeur » et « refuser la tricherie » étaient une profession de foi.

Dans les rôles qu’il choisissait ou ceux qu’il écrivait avec Agnès Jaoui, Jean-Pierre Bacri pourfendait le sectarisme culturel, le conformisme, les chapelles, la servilité… C’est son père qui lui avait transmis cette morale, lors de son enfance à Castiglione (Algérie), où Jean-Pierre naquit en mai 1951. Facteur, il travaillait le week-end dans le cinéma de la ville et avait fait découvrir le 7e Art à son fils. En 1962, la famille émigre à Cannes, dans le Sud-Est de la France, où Jean-Pierre Bacri entreprend des études de lettres.

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Presque vingt ans après ce qui reste leur plus grand succès public et critique, Le Goût des autres, les deux gardaient cette priorité exprimée par Bacri lors d’une rencontre il y a une paire d’années pour leur dernier film en duo: « Faire que jusqu’au plus petit rôle, chaque personnage soit incarné, soit vrai, existe. C’est notre plus grand souhait. »

« Je suis tout le contraire d’un acteur de composition, nous confiait-il en 2011 alors qu’on le rencontrait autour du film Avant l’aube pour revenir sur son parcours. Vous ne me verrez jamais avec une perruque ou grossi de 11 kilos pour un rôle. En tant qu’interprète, je m’amuse beaucoup en tirant les personnages à moi, en me les appropriant. Je suis acteur mais je pourrais être autre chose. Il suffit donc que je cherche en moi ce qui est bourgeois, ou ce qui est avocat ou médecin, peu importe. Et je trouve toujours parce que ce sont des êtres humains. Et on en est tous des êtres humains. Je prépare donc mes personnages en cherchant la logique humaine. Et cette logique, je la puise en moi. On a tous la même matrice de sensations et de sentiments bruts. »

Les Jacri

Quand il se rend à Paris et pousse la porte d’un cours d’art dramatique, c’est d’abord l’écriture qui l’intéresse. En 1977, il écrit sa première pièce, Tout simplement, vite suivie de trois autres. Parallèlement, Jean-Pierre Bacri décroche de petits rôles à la télévision et sur les planches.

En 1982, son personnage de proxénète dans Le Grand Pardon d’Alexandre Arcady le fait connaître du grand public. Deux ans plus tard, il est nommé aux César comme meilleur acteur dans un second rôle pour son personnage de flic dépassé et taciturne dans Subway de Luc Besson.

Mais son talent n’éclate vraiment qu’au côté d’Agnès Jaoui qu’il rencontre en 1987 au théâtre dans L’anniversaire de Pinter. Très vite, les « Jacri » – comme les surnommait Resnais – mettent en commun leur humour acide et leur don d’observation pour écrire à quatre mains. Leur première pièce Cuisine et dépendances (1992) est un succès vite adapté au cinéma, tout comme Un air de famille (1996). Alain Resnais fait appel à eux pour les scenarii de Smoking/No Smoking (1993) et On connaît la chanson (1997). Puis Agnès Jaoui passe derrière la caméra pour Le goût des autres (2000).

Ces dernières années, l’acteur tournait moins, se limitant à deux films par an et revendiquant son droit à la paresse. Parmi ses tout derniers films, Place publique, d’Agnès Jaoui, en 2018.

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