Critique scène :  Ces envies qui nous rendent sauvages

Nicolas Naizy Journaliste

Présenté pendant tout le mois de juillet au festival « Il est temps d’en rire » à Genval, Les Envies sauvages mettent drôlement en perspective nos utopies écolo-bobo à l’aune de nos instincts primaires.

Thibaut Nève, qui assure la mise en scène des Envies sauvages, nous avait prévenus que le spectacle pouvait se jouer par tous les temps. On aura eu droit à la version ensoleillée, on ne va pas s’en plaindre. L’occasion de profiter pleinement du décor dont jouit la pièce – un bosquet sur les bords du lac de Genval -, trouvant là le parfait accord avec son thème.

© Vivien Ghiron

À leurs parents et à leurs proches, Romain (Thibault Packeu) et Alice (Sarah Dupré) ont raconté qu’ils partaient à la découverte de l’Asie. Fatigués de la vie urbaine et d’un quotidien stressant, les deux amoureux ont choisi en réalité de tenter la vie au grand air, tous contacts avec la « civilisation » rompus, à l’écart d’un monde soumis à une logique consumériste folle. Dans une petite cabane au fond des bois, ils vivent d’autosubsistance, de feux de bois et de séances de vélos d’appartement pour recharger les batteries de la bicoque. Mais quand frappe à leur porte Pissenlit (Jérémy Lambot), l’équilibre de ce jardin d’Éden va s’en trouver bouleversé. Venu là préparer l’occupation de ce dernier coin de forêt primaire qui doit devenir un village de vacances, le zadiste, par sa fausse candeur, va révéler chez nos deux tourtereaux des instincts primaires inattendus, domination malsaine et instinct de survie inclus.

© Vivien Ghiron

Le texte de Céline Scoyer étale non sans ironie les contradictions qui traversent celles et ceux répondant à l’appel de la nature. Un exemple : fonctionner sans contact quotidien avec l’extérieur mais réaliser tout de même un podcast pour diffuser la bonne parole de la sobriété au quotidien.

La comédie verte aurait gagné à se teinter davantage de noir : la narration hésite par moments à appuyer les parts les plus sombres et caustiques de ses personnages, ce petit grain de folie supplémentaire pour pousser la démonstration de la désillusion des utopies jusqu’au bout. Les Envies sauvages n’en demeure pas moins une sympathique comédie qui ne ménage pas ses surprises et que l’on s’est plu à savourer au grand air, les pieds dans l’herbe, pour se laisser griser par cet appel du vivant.

Les Envies sauvages de Céline Scoyer, mise en scène de Thibaut Nève. Jusqu’au 30 juillet au festival « Il est temps d’en rire » au lac de Genval. www.ilesttempsdenrire.be

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