Critique | Cinéma

The Stranger, thriller d’infiltration fascinant sur fond d’enquête australienne

4 / 5
© see-saw films
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Titre - The Stranger

Genre - Thriller psychologique

Réalisateur-trice - Thomas M. Wright

Casting - Joel Edgerton, Sean Harris, Jada Alberts

Durée - 1h56

Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

Venu d’Australie, un thriller d’infiltration d’une fascinante noirceur dont on ressort le souffle coupé.

Acteur australien vu notamment dans la mini-série Top of the Lake de Jane Campion, Thomas M. Wright s’inspire, pour son deuxième long métrage en tant que réalisateur, d’une des plus tristement célèbres affaires d’enlèvement et de meurtre d’enfant de l’Histoire de son pays. En 2003, Daniel Morcombe, un garçon âgé de 13 ans, disparaît en effet des radars alors qu’il attend le bus. Il faudra près de huit années pour que l’enquête trouve une résolution. Se gardant bien de reconstituer l’enlèvement et le meurtre du jeune adolescent, The Stranger préfère aujourd’hui s’attacher, par le biais de la fiction, à dépeindre tout un pan tardif et tortueux du travail des enquêteurs. Pas du genre à se perdre en explications, il parachute le spectateur dans un avion alors que deux inconnus se rencontrent. L’un va proposer un boulot à l’autre, lui offrant ainsi la possibilité de prendre un nouveau départ et de laisser derrière lui un passé violent…

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Diamant noir

S’inscrivant dans une veine noire australienne qui, de Lantana à Animal Kingdom, nous a déjà valu quelques solides propositions par le passé, The Stranger adopte la forme d’un thriller d’infiltration à la Infernal Affairs tout en s’imposant comme un film-cousin du Prisoners de Denis Villeneuve, en plus radical et oppressant. Soit un cinéma fort en gueules renfrognées (Joel Edgerton et Sean Harris livrent ici de sacrés numéros d’acteurs, d’une glaçante justesse) et en atmosphères viciées, qui sonde les abysses enténébrés de l’âme humaine avec une suffocante maîtrise formelle.

© National

Capable de ruptures déconcertantes, l’ensemble demande en permanence un investissement actif du spectateur. Lequel se débat comme il peut dans ce cauchemar habité et hanté dont la superbe photo crépusculaire s’accompagne d’un travail de design sonore éminemment perturbant, venant gratter l’inconscient et réveiller des peurs de chambre d’enfant à l’heure d’aller dormir. Acheté par Netflix dans de nombreux pays (comme la France, par exemple) suite à sa présentation à Cannes, dans la section Un Certain Regard, en mai dernier, The Stranger est ainsi une œuvre à voir impérativement en salles et sur grand écran.

Conçu à la manière d’un implacable étau qui se referme insensiblement sur ses protagonistes et le spectateur, le film traduit en images et en sons un sentiment d’angoisse profond qui prend à la gorge et remue le bide. Poisseux, inconfortable, inquiétant, The Stranger touche même dans sa résolution à une dérangeante dimension métaphysique, son réalisateur osant fixer sans ciller l’œil méphitique et purulent du Mal. Au risque d’en avoir le souffle coupé…

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