Critique | Cinéma

The Inspection: l’armée comme échappatoire

3,5 / 5
© Patti Perret/A24 Films
3,5 / 5

Titre - The Inspection

Genre - Elegance Bratton

Réalisateur-trice - Elegance Bratton

Casting - Jeremy Pope, Raúl Castillo, Gabrielle Union

Sortie - En salle le 15 février 2023

Durée - 1 h 35

Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

Inspirée du vécu du réalisateur, The Inspection retrace l’histoire choc d’un jeune homosexuel noir s’engageant dans les Marines suite au violent rejet de sa mère.

The Inspection

Réalisateur, scénariste, producteur et photographe américain né dans le New Jersey à la fin des années 70, Elegance Bratton est expulsé de chez lui à cause de son homosexualité à l’âge de 16 ans. Il passe une décennie entière à vivre dans la rue puis s’engage dans les Marines, où il se spécialisera dans le tournage d’images vidéo et la prise de photos de combats dans un camp d’entraînement avant de prendre le chemin de l’université puis de réaliser des courts métrages et un documentaire. The Inspection, son premier long de fiction, s’inspire aujourd’hui largement de sa propre histoire.

Démarrant à Jersey, en 2005, le film cueille Ellis French (Jeremy Pope, nommé aux Golden Globes pour sa performance), un jeune homme noir et homosexuel, alors qu’il est en voie de clochardisation avancée car violemment rejeté par sa mère. Par sursaut d’orgueil autant que par désœuvrement, il décide de s’engager dans les Marines pour un apprentissage extrême où il va doublement en baver. “Je vais vous briser, je vous le promets”, entend-il ainsi en guise de message de bienvenue à son arrivée au camp avec les nouvelles recrues. Sauvagement passé à tabac parce qu’il bande dans les douches, Ellis va devoir endurer la routine exténuante d’un entraînement rythmé par les brimades et les humiliations, la douleur, lui dit-on, n’étant rien d’autre que “la faiblesse quittant le corps”. Paradoxalement, dans ce microcosme brutal où règnent de petits chefs sadiques et braillards à la Full Metal Jacket, Ellis commence peu à peu à prendre ses marques, voire même à trouver sa place…

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

“Don’t ask, don’t tell”

Film produit et distribué aux États-Unis par la société A24, label hyper tendance spécialisé dans l’auteurisme très cool (Lady Bird de Greta Gerwig, Mid90s de Jonah Hill, The Lighthouse de Robert Eggers…), The Inspection a tout, dans son cachet et sa réalisation, du petit film branché et indé US dont raffole le festival de Sundance. D’autant que sa B.O. a été confiée aux bons soins des déviants laborantins pop du groupe Animal Collective.

Certains tics pourraient en ce sens ici agacer. Pourtant, le film trouve d’emblée la bonne distance et le ton juste pour raconter le chemin de croix de son jusqu’au-boutiste protagoniste, sans complaisance masochiste ni excès de sensiblerie. Sincère, assumant assez admirablement ses propres ambivalences à l’égard du fonctionnement de l’institution militaire, Elegance Bratton, bien sûr, sait de quoi il parle, et il excelle à dépeindre l’éprouvant et traumatique processus d’effacement de soi au sein d’un collectif où le sacrifice fait loi. Inscrite en pleine période de la politique du “Don’t ask, don’t tell” (“Ne pas demander, ne rien dire”, législation discriminatoire vis-à-vis des homosexuels en vigueur de 1994 à 2011 dans les forces armées des États-Unis), son histoire résonne d’une belle et douloureuse complexité universelle.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content