Retour sur la saga Mad Max, film par film
Furiosa: A Mad Max Saga est le cinquième film à s’inscrire au sein d’une franchise en forme d’opéra nihiliste et dégénéré élevant ses engins de mort motorisés en objets de fascination quasiment fétichiste. Rappel des faits.
Mad Max – de George Miller 1979
Mad Max – de George Miller 1979
En partie inspirée par les effets du choc pétrolier de 1973, l’action du premier Mad Max de l’Australien visionnaire George Miller s’inscrit dans un futur proche en plein effondrement sociétal, qui résonne forcément toujours aujourd’hui avec une douloureuse acuité. L’heure y est au chaos en effet, après que les grandes nations sont entrées en guerre pour le pétrole, entraînant la révolte d’une populace en surchauffe. Centré sur un flic tête brûlée basculant dans la folie vengeresse suite à l’agression sauvage de son coéquipier puis la cruelle exécution de sa femme et son bébé, le film ose l’imagerie barbare mais jamais grand-guignol d’un western futuriste sur roues où le cow-boy solitaire a laissé place au justicier en cuir noir. Dans le rôle-titre, Mel Gibson, gueule d’amour fracassée sur l’autel de l’ultraviolence, marque durablement les esprits. Il réendossera à deux reprises le costume du guerrier à la détermination glacée qui le révèle au monde.
Mad Max 2: The Road Warrior – de George Miller, 1981
Mad Max 2: The Road Warrior – de George Miller, 1981
L’idée d’un grand effondrement traverse bien évidemment toute la saga Mad Max. Tout comme celle d’une lutte sans merci pour des ressources énergétiques quasiment épuisées. Dans le deuxième épisode, particulièrement inspiré, de la franchise, réalisé par Miller deux ans après le succès fulgurant du premier, Max Rockatansky, anti-héros condamné à l’errance et au désenchantement, continue de traîner ses guêtres dans un futur en ruine livré aux appétits féroces. Tombant dans un campement de fuyards relativement pacifiques aux prises avec des pirates de la route, il finit par prendre leur défense et s’improvise conducteur fou d’un camion-citerne convoité par une bande d’affreux, sales et méchants knight riders au look de gladiateurs consanguins. Stylé comme un comic book dessiné en enfer, un épisode à la virtuosité graphique solidement cintrée qui convoque de manière paroxystique une certaine idée du vertige -celui de la vitesse comme celui du néant.
Mad Max Beyond Thunderdome – De George Miller et George Ogilvie, 1985
Mad Max Beyond Thunderdome – De George Miller et George Ogilvie, 1985
Avec ses enfants tueurs ou tués, ses corps cramés et mutilés, son esthétique punk-trash sans concession et sa morale flottante arrosée de désespérance sur fond de grand boxon post-apocalyptique, la franchise Mad Max carbure à une essence plus rare encore que cet or noir à même de faire courir toute la racaille du désert comme un élevage de poulets sans tête: la radicalité. En ce sens, le troisième épisode de la saga est une petite déception. Plus héroïque et bien-pensant, mais pas moins dégénéré pour autant, il en est en tout cas assurément le moins bon. Sur fond de guerre nucléaire ayant fini d’atomiser la société mourante, Max y passe de loqueteux cravachant les pieds dans la merde de porc au statut d’improbable prophète pour une poignée de mioches en quête de salut sous le regard courroucé de… Tina Turner. La mythologie séminale de ce qui est alors une trilogie emprunte ici notamment à la tradition antique via le motif de la fameuse roue de la fortune.
Mad Max: Fury Road – De George Miller, 2015
Mad Max: Fury Road – De George Miller, 2015
Trente ans plus tard, George Miller signe un film-monstre à l’outrance décadente à ce point assumée qu’elle fascine. Tom Hardy y succède à Mel Gibson de manière moyennement convaincante. D’abord réduit à jouer les poches de sang pour un jeune demi-mort aux rêves d’éternité, il fait ceci dit un amusant oiseau pour le chat lancé à toute berzingue dans un shoot de pure adrénaline où tout, littéralement, peut arriver. À ses côtés, Charlize Theron, en «Imperator» Furiosa, lui vole aisément la vedette, un vague propos féministe venant même à l’occasion sous-tendre un film que l’on aurait préféré plus nihiliste encore. Mais ce quatrième épisode à la marche hallucinée est surtout fidèle de bout en bout à son appellation: furieux, donc. Difficile de résister à ce rollercoaster infernal et jouissif aux couleurs irréelles qui ridiculise tous les blockbusters bas du front de Hollywood sur leur propre terrain, magnifiant par l’absurde la surenchère de l’époque.
Furiosa: A Mad Max Saga – de George Miller, 2024
Furiosa: A Mad Max Saga – de George Miller, 2024
À la fois prequel et spin-off, le film se centre sur la jeunesse du charismatique personnage de Furiosa, jouée cette fois par Anya Taylor-Joy, et reconduit sans surprise l’un des motifs les plus emblématiques de la saga: la vengeance. Dans un monde déjà bien occupé à s’écrouler, la jeune femme se retrouve capturée par une horde de motards dirigée par un redoutable seigneur de guerre, Dementus (Chris Hemsworth). Soit le début d’une rutilante aventure qu’on nous promet à nouveau extraordinairement spectaculaire. Il se murmure en tout cas que le point d’orgue du film tiendrait en une séquence d’action de 15 minutes complètement dingue qui aurait nécessité le concours de pas moins de 200 cascadeurs. De quoi finir d’aiguiser les appétits cinéphiles. En attendant, la saga ne devrait pas s’arrêter là, une suite prochaine étant déjà pressentie.
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