Porté par Bill Skarsgård et FKA Twigs, le reboot de The Crow tente de faire oublier la controverse
Un reboot controversé du film gothico-culte The Crow projette Bill Skarsgård et FKA Twigs sous la lumière. Si le premier renforce ici son statut de prince des ténèbres, la seconde saisit l’occasion de mettre la musique entre parenthèses et de prendre un virage « monumental » dans sa vie. Explications.
Qui, de FKA Twigs ou de Bill Skarsgård, se complait artistiquement le plus dans la noirceur? Doit-on vraiment choisir? La sensuelle musicienne britannique et l’acteur suédois, bien connu pour son rôle de Pennywise dans la franchise d’horreur Ça, ont uni leurs forces pour cette nouvelle version de The Crow (lire la critique). C’est Rupert Sanders, à qui l’on doit Snow White and the Huntsman et Ghost in the Shell, qui s’est lancé dans cette nouvelle adaptation du roman graphique dark de James O’Barr. Bill Skarsgård et FKA Twigs y interprètent Eric Draven et Shelly Webster, deux âmes d’artistes en lutte contre leurs démons et qui goûtent au grand amour. L’une sera violée puis assassinée, tandis que l’autre sera tué par balle. En route vers le royaume des morts, le corbeau qui leur sert de guide sentira en lui une telle volonté de vengeance qu’il encouragera Eric à revenir sur Terre en tant qu’immortel pour y exercer sa propre justice.
« Eric est au plus bas: il ne se soucie plus de rien, il ne voit plus d’espoir nulle part dans sa vie. Et soudain, Shelly apparaît, telle une source de rédemption. Et le voilà tout entier tourné vers l’amour, explique Bill Skarsgård. J’ai essayé de déchiffrer le psychisme d’Eric. Quelles choses extrêmes, scandaleuses, mythiques et surnaturelles l’ont poussé à se transformer en une chose qu’il n’a jamais choisi d’être: un ange noir et vengeur?«
Il y a 30 ans, une précédente adaptation de The Crow avait déjà plongé les salles obscures dans une noirceur nocturne. Et ce reboot-ci ne fait pas l’unanimité. Même Alex Proyas, le réalisateur du The Crow originel, y est allé de sa prose. Petit rappel des faits, le 31 mars 1993, l’acteur principal, Brandon Lee, fils du légendaire Bruce Lee âgé de 28 ans, est mort accidentellement en plein tournage, pendant une scène-clé. Une arme n’était en effet pas chargée à blanc. « C’est en cela que The Crow n’est pas un film comme les autres. Brandon Lee est mort en le tournant. Ce film a été achevé comme un testament de son génie perdu et de sa perte tragique. C’est son héritage et il doit le rester« , a écrit Alex Proyas sur Facebook. « C’est son opinion« , lui a répondu Skarsgård d’un ton plutôt sec. « Avant nous, trois suites ainsi qu’une série télévisée ont déjà été tournées. Ce n’est donc pas la première fois« .
Du côté obscur
Cette nouvelle adaptation est en projet depuis près de 16 ans. Bradley Cooper, Luke Evans, Jack Huston et Jason Momoa ont tous été candidats pour le rôle. Et sans surprise, le choix s’est finalement porté sur Bill Skarsgård. Plus c’est dark, mieux c’est pour le fils de Stellan (Dune) et le frère d’Alexander Skarsgård (The Northman). Il nous a fait peur dans le rôle du clown Pennywise, et il sera bientôt à l’affiche de Nosferatu, une adaptation du mythique film de vampires de Murnau, mise en scène par le réalisateur de The Lighthouse, Robert Eggers. « On me propose de nombreux personnages de ce genre, et c’est vrai qu’ils m’attirent. Mais ce n’est pas mon intention de ne jouer que des rôles sombres. » Skarsgård dit être en quête d’un « large éventail » de personnages. « Mais je pense qu’il y a beaucoup d’arguments en faveur de ces personnages obscurs. Ils ont tendance à être beaucoup plus complexes que les héros traditionnels, et j’aime ce qui est complexe. J’aime laisser libre cours à mon imagination, me plonger dans des esprits tortueux et obscurs, et puiser dans mes propres ténèbres pour mieux comprendre la psyché de mon personnage. Cette gymnastique mentale me convient. Qu’il s’agisse d’un pédophile/clown transdimensionnel ou d’un vampire/magicien occulte vieux de 400 ans, j’essaie de les rendre plus vrais que nature.«
Pour FKA Twigs, il s’agit ici de son premier rôle majeur dans un long métrage. « Je me sens tellement chanceuse que Bill Skarsgård et Rupert Sanders, un réalisateur incroyable, m’aient aidée dans cette aventure. J’ai énormément apprécié cette expérience. Parce que c’était tout nouveau et passionnant et que j’ai beaucoup appris. Mais aussi parce que cela a réveillé quelque chose en moi. J’ai changé en mieux. Je me suis même améliorée! La réalisation de The Crow est un instant monumental dans ma carrière d’artiste et dans ma vie« . Elle poursuit: « Après une période difficile, l’essentiel pour moi était de m’ouvrir à nouveau à l’amour. En voyant cette Shelly totalement absorbée par ses sentiments pour Eric et s’emmerveillant de leur vie commune, j’ai retrouvé ma propre foi en l’amour, et cette curiosité pour tout ce qui est à venir« , explique FKA Twigs.
Ce qui ne semble pas exagéré puisque la musicienne britannique a connu récemment des années très difficiles. Elle a dû faire face à de très nombreux commentaires racistes pendant sa relation de 3 ans avec Robert Pattinson. En 2017, elle a dû passer sur le billard pour se débarrasser de six tumeurs à l’utérus. En 2021, elle a porté plainte contre son ex, l’acteur hollywoodien Shia LaBeouf, qu’elle a accusé d’agression sexuelle ainsi que de violences physiques et émotionnelles. Le procès est prévu pour le mois d’octobre. « J’ai une belle noirceur romantique en moi. Mais des expériences de vie désagréables m’ont forcée à les mettre de côté pendant longtemps« , explique FKA Twigs. « Explorer le monde merveilleusement dark de Shelly m’a aidée dans mon art.«
Un tournant dance
Le tournage à Prague, mais aussi la vie nocturne tchèque, ont chamboulé l’artiste. « Dans un immense entrepôt situé le long d’une autoroute menant à Prague, j’ai compris pour la première fois ce qu’était la musique techno. L’endroit grouillait de jeunes qui avaient l’air incroyablement cool sans se la jouer et qui étaient complètement absorbés par la musique. J’ai regardé autour de moi et je n’ai vu que des gens magnifiques, en sueur, et qui s’exprimaient avec le corps. Vus de l’extérieur, tous ces mouvements irréguliers peuvent paraître bizarres. Mais ensemble, ils forment une entité unique qui ressort pleinement. Je me suis retrouvé témoin de l’événement le plus important de l’histoire de l’humanité« .
FKA Twigs éclate de rire puis reprend son sérieux. « M’exprimer à nouveau, danser, sauter, chanter, c’est exactement ce que je n’ai pas fait ces derniers temps, ou trop peu. Cette rave à Prague m’a guérie. Sans effort, des paroles me sont venues les unes après les autres dans les toilettes. Ce fut l’étincelle du nouvel album qui sortira bientôt. Ce n’est pas un album dance au sens strict, mais plutôt sur ce que cette musique m’a fait ressentir, de la guérison qu’apporte la danse sur des rythmes monotones. Quand j’ai dit que le tournage de The Crow à Prague avait marqué un tournant dans ma vie, c’était un euphémisme. Lorsque je serai sur mon lit de mort, comme une vieille dame, ce sera l’un des moments dont je me souviendrai« .
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