Mostra de Venise, le film du jour (3): Beasts of No Nation, de Cary Fukunaga

Abraham Attah, extraordinaire dans Beasts of No Nation. © EPA/Claudio Onorati
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Signe des temps, la Mostra aura accueilli une production télévisée au sein de sa compétition. A savoir Beasts of no Nation, le nouveau film du réalisateur de True Detective, arborant le label Netflix.

Signe des temps, la Mostra aura accueilli, cette année, une production télévisée au sein de sa compétition. A savoir Beasts of No Nation, le nouveau film du cinéaste américain Cary Fukunaga, une oeuvre ambitieuse (et éminemment cinématographique au demeurant) arborant le label Netflix (qui la diffusera d’ailleurs le 16 octobre). Adaptant l’ouvrage éponyme d’Uzodinma Iweala, le réalisateur (à qui l’on doit Sin Nombre et Jane Eyre, mais aussi la première saison de True Detective) s’y attaque à la question brûlante des enfants-soldats. Et cela, à travers le destin de Agu (Abraham Attah, extraordinaire), gamin vivant une enfance insouciante dans un pays africain anonyme. Jusqu’au jour où la guerre civile rattrape son village, l’arrachant aux siens pour le livrer, seul, à la forêt, où il est bientôt embrigadé de force par les (jeunes) rebelles d’un Seigneur de la guerre sanglant, le « Commandant » (Idris Elba). Et de subir la formation et le conditionnement de ses compagnons d’armes, jusqu’à se transformer lui-même en tueur sanguinaire, tandis que la petite troupe fanatisée multiplie les raids et massacres sans états d’âme.

Ce récit d’une déshumanisation en marche, Fukunaga l’envisage du point de vue de son protagoniste central, ce garçon évoluant, hagard et inconscient, au coeur du chaos, de la violence et de la destruction, non sans s’accrocher à quelque hypothétique résidu d’enfance. S’il y a là l’une ou l’autre ficelle, le réalisateur ayant par ailleurs à l’occasion le trait appuyé, sinon complaisant, il en résulte un film fort et secouant, porté par une mise en scène fiévreuse oscillant entre réalisme cru et visions hallucinées. Quelque chose comme une plongée viscérale au coeur de l’horreur contemporaine, le cadre indéfini de Beasts of No Nation en élargissant le spectre…

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