Critique | Cinéma

Linda veut du poulet!: une pétillante comédie animée sur les joies de l’enfance

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Dans Linda veut du poulet!, la volaille que désire tant la jeune héroïne fonctionne comme une véritable madeleine de Proust. © dr
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Titre - Linda veut du poulet!

Genre - Animation

Réalisateur-trice - Chiara Malta et Sébastien Laudenbach

Sortie - En salles le 6 mars 2024

Durée - 1 h 16

Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

Avec Linda veut du poulet!, Chiara Malta et Sébastien Laudenbach nous régalent d’une fondante aventure animée, joyeusement échevelée, aux couleurs vives et aux irrésistibles interludes chantés.

Cinéaste italienne née à Rome à la fin des années 70, Chiara Malta a signé plusieurs courts métrages hybrides, entre fiction, animation et documentaire, pour lesquels elle a parfois fait appel aux services de Sébastien Laudenbach. Français né à Arras quelques années plus tôt, ce dernier est notamment connu de nos radars pour son long métrage animé La Jeune Fille sans mains ou ses clips et sa pochette réalisés en 2018 pour Dominique A, insatiable tête chercheuse de la chanson. Ensemble, Chiara et Sébastien nous régalent aujourd’hui de Linda veut du poulet!, trépidante comédie d’animation mêlant drôlerie, douceur et poésie. Découvert à Cannes l’an dernier, et primé dans de nombreux festivals (Annecy, Namur, Turin…), le film cueille la jeune Linda au moment où elle est injustement punie par sa mère Paulette. Se rendant compte de son erreur, cette dernière est prête à tout pour se faire pardonner, même cuisiner ce satané poulet aux poivrons que Linda désire tant. Mais comment trouver un poulet un jour de grève générale? C’est le début d’une aventure assez folle et anarchique au cours de laquelle Linda va être amenée à découvrir que ce fameux poulet, jadis si bien préparé par son père, est peut-être bien la clé de son souvenir perdu…

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À l’origine du film? “Le désir de parler de l’enfance, répond sans hésiter Sébastien Laudenbach. De travailler pour les enfants, avec des enfants, dans une espèce d’hommage à ce qu’ils sont. Très vite, l’idée d’injustice est arrivée sur la table, parce que les enfants sont souvent punis pour des fautes qu’ils n’ont pas commises. C’est un sentiment qui les caractérise très fort, l’injustice, et qui parle à tout le monde. Ça provoque en nous quelque chose d’exacerbé, une rage terrible parfois. Les enfants se construisent beaucoup par rapport aux notions de justice et d’injustice. Donc le point de départ, c’était ça: une enfant qui est punie de manière injuste.” “Même une fois devenus adultes, les sentiments d’injustice nous rappellent toujours en un sens l’enfance, complète Chiara Malta. On en parle d’ailleurs beaucoup chez les psys (sourire). Avec Linda veut du poulet!, on voulait donc vraiment s’adresser à tout le monde, autant aux adultes qu’aux enfants. L’idée d’une comédie tous publics, c’est de chercher à être drôles et intelligents sans jamais rabaisser nos exigences. Trop souvent, quand on parle aux enfants, on simplifie beaucoup. Les films ne sont pas toujours très intéressants pour les adultes quand ils sont à destination d’un jeune public. On voulait sortir de ça, de cette simplification à outrance.” Et Sébastien Laudenbach de conclure: “On ne voulait pas faire un film adapté aux enfants, on voulait faire un film accessible aux enfants. C’est une nuance importante.

Effet confettis et carnaval de vies

De la disparition cruelle d’un père au contexte de grève générale, le concept d’injustice traverse au fond tout le film. “Oui, opine Chiara Malta. En un sens, le film est là pour réparer toutes sortes de blessures: la mort d’un père, l’injustice sociale… On avait envie que les gens en ressortent souriants et gagnants. On aime beaucoup l’idée de faire du léger avec du grave. La bonne comédie est toujours teintée de mélancolie. Le rire à vide n’est pas très intéressant. Nous ce qu’on aime, c’est un rire réparateur.” “C’est un film très psychanalytique, au fond, ajoute Sébastien Laudenbach. Il y a chez Linda un souvenir tragique qui a été occulté et c’est le poulet aux poivrons qui va venir réveiller ça chez elle. Et, en un sens, l’aider à en guérir.

L’aspect réparateur du film s’exprime aussi dans une véritable explosion de couleurs vives. Avec l’idée, très proche dans l’esprit de ce que peut faire un Brecht Evens en bande dessinée, d’attribuer une couleur spécifique à chacun des personnages. “On trouvait ça très ludique, enchaîne Sébastien Laudenbach. C’est un jeu de s’amuser avec des couleurs vives, et c’est très séduisant pour l’œil. Et puis ça nous permet d’être libres, tout en cherchant à faire sens. À Linda, on a par exemple décidé d’attribuer le jaune parce qu’elle rayonne comme un soleil.” “Ça donne aussi un effet confettis, reprend Chiara Malta. C’est comme un carnaval de vies. D’une manière générale, on avait envie d’un dessin assez stylisé, pas forcément toujours très détaillé ni fini. Dans le mouvement, on va parfois dans quelque chose d’assez abstrait finalement, avec des traces de couleurs. L’important, c’était vraiment l’intensité et l’émotion. On ne voulait absolument pas réaliser une performance technique ou stylistique. On voulait pouvoir accueillir les erreurs, les maladresses, les failles, privilégier une vibration très humaine et très tendre. Dans une comédie, on tombe, on fait des bourdes. La forme du film intègre elle-même cet aspect-là.

À chaque personnage sa chanson, également, dont l’une interprétée en dessert, au moment du générique de fin, par Juliette Armanet (à écouter ci-dessous). “C’est une chanson que l’on a écrite pour elle. C’est le dernier souvenir. Le dernier et le premier, au fond, puisque Linda s’y souvient de sa naissance. Les autres chansons ont été interprétées par le casting voix, dont Lætitia Dosch et Clotilde Hesme. On voulait, via les chansons, faire avancer la narration, que ce soit des chansons utiles si on peut dire, qu’elles nous apprennent à mieux connaître chaque personnage.

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