Critique | Cinéma

[le film de la semaine] The Hand of God: film émouvant et inspirant

Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

The Hand of God est sans conteste le film le plus personnel de Paolo Sorrentino. Le cinéaste signe une oeuvre sensible, tout en livrant quelques clés de son cinéma, envisagé comme un refuge.

Le plan d’ouverture de The Hand of God, un vertigineux panoramique sur la baie de Naples, vaut pour ainsi dire signature, le style de Paolo Sorrentino y éclatant dans toute sa splendeur. Et pourtant, ce film, son neuvième long métrage, marque une évolution sensible dans le chef du réalisateur de La grande bellezza, qui opère là une sorte de retour aux sources, renouant avec ses racines et avec l’adolescent qu’il était dans les années 80. Pour livrer une oeuvre d’essence autobiographique dénuée pour bonne part des artifices et des oripeaux baroques qui ont fait son cinéma, sans pour autant se renier le moins du monde.

Cheminement intime

L’histoire se situe à Naples, au mitan des années 80, et accompagne Fabietto Schisa (l’alter ego du réalisateur, interprété par l’excellent Filippo Scotti), un adolescent mal dans sa peau vivant au sein d’une famille excentrique, ses parents (l’incontournable Toni Servillo et Teresa Saponangelo), son frère et sa soeur, et toute une smala haute en couleur. Un gamin comme tant d’autres, dont le quotidien est chamboulé lorsque Diego Maradona, la légende planétaire du football, débarque au SSC Napoli. Deux fois plutôt qu’une même, puisque la présence d’El Pibe de Oro, comme on l’appelait, lui vaudra d’échapper à une tragédie familiale, circonstances qui conditionneront le destin du jeune homme.

Empruntant son titre à un coup d’éclat du footballeur, qui avait recouru à cette expression pour désigner son but marqué de la main face à l’Angleterre au Mondial 1986, The Hand of God est sans conteste le film le plus personnel du cinéaste. Lequel livre ici un récit initiatique à la première personne, gravitant autour de la perte d’êtres chers qui laisseront le protagoniste central changé à jamais, seul face à son destin. Déroulant ce cheminement douloureux, Sorrentino signe une oeuvre sensible, tout en livrant quelques clés de son cinéma, envisagé comme un refuge. Ce n’est pas là l’élément le moins troublant de ce drame intime que le réalisateur emmène en terrain singulier, ciselant un film composite où son imaginaire vient infuser une réalité baignée encore de folklore napolitain; où des humeurs multiples se chevauchent, joyeuses ou tragiques c’est selon, le tout, famille, destin, football, cinéma, amours et peines fusionnant en un enivrant concentré de vie.

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Parti à la rencontre de son passé et de l’essence de son art, Paolo Sorrentino en est revenu avec un film qui réussit à être émouvant et inspirant à la fois. À rebours d’éventuelles afféteries et du cynisme désabusé qui pouvait sembler animer les personnages de ses opus précédents, The Hand of Godvaut ainsi au cinéaste italien de se réinventer en faisant voeu de simplicité sans pour autant y sacrifier la grande beauté qui reste sa marque de fabrique. Comment dit-on « chassez le naturel et il revient au galop » en napolitain?

De Paolo Sorrentino. Avec Filippo Scotti, Toni Servillo, Teresa Saponangelo. 2 h 14. Sortie: en salles le 01/12, sur Netflix à partir du 15/12. ****

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