Critique | Cinéma

Le film de la semaine : Nelly et Nadine, amours résistantes

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© auto images
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Titre - Nelly et Nadine

Genre - Documentaire

Réalisateur-trice - Magnus Gertten

Durée - 1h32

Magnus Gertten dresse le portrait bouleversant d’un amour interdit plus fort que la mort et la guerre, né au coeur de l’horreur des camps.

Malmö, avril 1945. Des femmes font signe sur le pont d’un bateau. Serrées les unes contre les autres, elles forment une étrange armée. Soulagée et souriante. Le cinéaste suédois Magnus Gertten s’interroge sur ces femmes: qui sont-elles? qu’ont-elles vécu? que vont-elles devenir? Et cette femme au regard sombre et au sourire fermé, où va-t-elle?

Cette femme pleine de mystère, c’est Nadine Hwang. Pour retrouver sa trace, le réalisateur nous catapulte 70 ans plus tard, dans une ferme du Nord de la France, à la rencontre de Sylvie, petite-fille de Nelly Mousset-Vos, cantatrice et agente de la résistance belge. Cette battante et survivante a laissé derrière elle une caisse pleine d’archives, de lettres, de manuscrits et de films. Devant la caméra, Sylvie va plonger dans cette mémoire ensevelie, ravivant au passage ses souvenirs d’enfance, osant enfin se confronter à ce qu’elle a toujours fui: le journal de sa grand-mère, témoignage sur sa vie dans les camps de Ravensbrück, puis de Mauthausen. Petit à petit, parallèlement au récit difficile de la vie quotidienne dans les camps, c’est une autre histoire qui s’écrit sous ses yeux. Une histoire d’amour, de celles que l’on ne raconte pas. Un soir de Noël, Nelly rencontre Nadine. Les deux femmes tombent amoureuses, mais sont séparées par la guerre. Ayant toutes les deux miraculeusement survécu aux camps, elles mettent tout en œuvre pour se retrouver et passer la fin de leur vie côte à côte.

© National

Se souvenir des belles choses

Sylvie connaît Nadine. Elle l’a croisée à plusieurs reprises, notamment lorsqu’elle rendait visite à sa grand-mère alors installée à Caracas. Mais elle ne la connaissait pas ainsi. Lors du visionnage des films Super 8, les mains qui se frôlent et surtout le regard amoureux posé par la caméra de Nadine sur Nelly ne laissent plus de place au doute.

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Le mystère des vieux papiers, la magie de la pellicule, les mots des deux femmes (lus et interprétés avec grâce par Anne Coesens et Bwanga Pilipili), mais aussi les images du film d’Henri Storck, Symphonie paysanne, qui viennent habiller le récit, donnent au destin de Nelly et Nadine un souffle irrésistiblement romanesque. Le parcours de ces deux femmes s’impose d’abord comme une inspirante et bouleversante histoire d’amour plus forte que la guerre, mais aussi comme un témoignage de la puissance des amours et amitiés lesbiennes au siècle dernier, à travers les épreuves de leur couple, mais aussi l’histoire de Nadine, secrétaire et amante de l’écrivaine Djuna Barnes. Les sublimes mots d’amour de Nelly naissent au cœur de l’horreur et résistent à la barbarie des hommes. Au fil des pages de son journal s’écrit le double portrait de deux héroïnes du XXe siècle, deux combattantes de la résistance, et deux opposantes aux normes et aux conventions sociales, mues par la force de l’amour et la soif de liberté.

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