James Hawes: « One Life montre bien l’importance de poser des actes positifs dans le monde »

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Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

Vétéran de la télévision et des séries, le Britannique James Hawes signe son premier long de fiction pour le cinéma avec One Life, drame biographique aux accents humanistes porté par Anthony Hopkins.

Depuis le mitan des années 90, il s’est taillé une place de choix dans le milieu de la télévision anglaise. Originaire de Wimbledon, James Hawes a en effet réalisé un certain nombre de documentaires ambitieux avant de se tourner vers les téléfilms poids lourds (Enid avec Helena Bonham Carter, notamment) et les séries qui comptent (Doctor Who, Penny Dreadful, Black Mirror…). Tout récemment encore, il s’est distingué en signant pas moins de six épisodes de l’impeccable série d’espionnage Slow Horses, avec Gary Oldman, pour Apple TV+. Mais jamais il n’avait franchi le cap du long métrage de cinéma. Il semble d’ailleurs qu’il y a pris goût puisque son deuxième film, The Amateur, un thriller d’espionnage emmené par Rami Malek, est déjà dans la boîte.

Mais, pour l’heure, c’est pour parler de One Life (lire la critique ici) qu’on le rencontre. Un long métrage qui lui a été proposé par… les producteurs de la série Slow Horses. “Oui, on se connaît depuis un moment et on aime beaucoup travailler ensemble. Ils m’ont donc naturellement proposé le scénario de One Life, en prenant soin de m’envoyer le lien vers la célèbre vidéo YouTube de l’émission That’s Life! de la BBC où apparaît Nicholas Winton, le héros du film. J’ai toujours beaucoup aimé tourner des documentaires ou des téléfilms basés sur des histoires vraies. Et celle-ci me semblait particulièrement solide, avec des personnages et des arcs narratifs vraiment très forts. Et puis je dois dire aussi qu’il y avait une connexion entre ce projet et mon histoire. C’est-à-dire que, quand j’étais jeune, au tout début de ma carrière, j’ai justement travaillé pour l’émission That’s Life! à la BBC. Donc, en un sens, j’avais le sentiment que je devais faire ce film, qu’il m’était vraiment destiné (sourire).

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Arrimé à l’histoire vraie de Nicholas Winton, le film se déroule sur deux périodes bien distinctes, séparées d’un demi-siècle. En 1938, à Prague, alors que la ville est sur le point de tomber aux mains des nazis, le jeune Winton (Johnny Flynn) organise des convois vers l’Angleterre pour des centaines d’enfants juifs qui y trouveront refuge, échappant ainsi à une mort certaine dans les camps de concentration. En 1988, en Angleterre, le même Winton (Anthony Hopkins), désormais vieillissant et hanté par toutes les vies qu’il n’a pas pu sauver, est invité à témoigner dans l’émission That’s Life! de la BBC. Il ne se doute pas que, dans le public, se trouvent des enfants, désormais devenus adultes, qui ont survécu grâce à lui, et qui vont lui ouvrir les yeux sur la grandeur du geste qu’il a posé par le passé… “Le film se construit sur des allers-retours incessants sur la ligne du temps, opine le réalisateur James Hawes. C’est une manière de mieux cerner le personnage de Nicholas Winton, qui est un héros très humble, très discret, et fortement hanté, en effet, par les choses qu’il n’a pas pu accomplir à un moment critique de l’Histoire. L’idée était vraiment que le film colle en quelque sorte à sa personnalité. Il n’était donc pas question d’en faire trop. C’est une histoire déjà tellement pleine d’émotions, ça aurait été une grave erreur, je pense, de chercher à en remettre artificiellement des couches. J’ai donc veillé à éviter absolument toute tentation mélodramatique. One Life est un film modeste et humble, à l’image de son protagoniste. Nicholas, de son vivant, a toujours considéré qu’il n’avait pas à être au cœur de l’attention, que tout ça n’était pas son histoire, mais bien celle de ceux qu’il avait sauvés. Nous avons donc vraiment cherché à la raconter avec beaucoup de douceur et de soin.

Appétit de vie

En retraçant la trajectoire d’un héros très ordinaire, le film de James Hawes trouve une résonance éminemment contemporaine, qui s’exprime notamment dans sa ferme conviction que chacun, à son niveau, peut venir en aide à ceux qui en ont besoin… “Oui, tout à fait. Vous savez, quand vous faites un film, vous voulez que quelque chose se dépose chez le spectateur, que ce film laisse une trace en lui. Je pense que One Life montre bien l’importance et la valeur de poser des actes positifs dans le monde. Et qu’il n’y a pas besoin d’être un super-héros pour ça. Vous connaissez l’expression: “Tous les super-héros ne portent pas de capes.” Nicholas n’en portaient pas, en effet. Mais il est devenu un héros presque malgré lui, par sa foi et sa détermination dans la possibilité de changer les choses.

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Dans la peau d’un Winton amené rétrospectivement à réaliser pleinement ce qu’il a accompli, Anthony Hopkins est tout simplement irréprochable. “En tant que réalisateur, quand vous commencez à travailler avec un acteur de sa stature et de son expérience, vous êtes bien sûr nerveux quand vous arrivez sur le plateau le premier jour de tournage. Mais Anthony fait partie de ces comédiens qui passent des semaines entières à lire et relire votre scénario, de telle manière qu’il a véritablement absorbé le personnage et son histoire quand il se présente sur le tournage. Ce qui est vraiment magique, avec Anthony, c’est que, quand vous allumez la caméra, c’est comme si son anatomie toute entière se modifiait pour elle, a constaté James Hawes. Il se transforme littéralement sous l’œil de la caméra pour devenir le personnage du film. Il faut le voir pour le croire. Il se déplace différemment, il parle différemment… Il devient quelqu’un d’autre en un claquement de doigts. Et il est d’une extraordinaire générosité. À 86 ans, son implication et sa joie à faire les choses sont absolument intactes, c’est quelque chose de vraiment très inspirant. Il est constamment excité durant le processus créatif. Un jour, sur le plateau, il y avait un piano à l’endroit où l’on s’apprêtait à tourner, et pendant que les techniciens effectuaient tous les préparatifs, Anthony n’a pas arrêté de leur jouer des morceaux avec un entrain et une bonne humeur qui ne pouvaient bien sûr être que contagieux. Il y a un tel appétit de vie en lui.

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