Barbie: cinq raisons pour lesquelles le film affole les cinéphiles

Margot Robbie et Ryan Gosling © Getty Images
Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

À la veille de sa sortie, Barbie a tout de la fantaisie filmique la plus intrigante de l’été. Voici 5 raisons pour lesquelles le long métrage inspiré de la poupée Mattel affole les baromètres cinéphiles.

1. Pour sa réalisatrice Greta Gerwig

Après avoir fait ses classes en tant qu’actrice, mais aussi comme scénariste et réalisatrice, aux côtés du cinéaste indépendant Joe Swanberg, réputé pour ses comédies dramatiques douces-amères à micro-budget, la Californienne Greta Gerwig connaît un succès plus large devant la caméra de son actuel compagnon à la ville, Noah Baumbach, dans Greenberg (2010) d’abord puis surtout Frances Ha (2012), qu’elle co-écrit par ailleurs en y mettant beaucoup d’elle-même. Dans la foulée, elle joue chez Woody Allen, Todd Solondz, Pablo Larraín ou encore Mike Mills, mais elle passe surtout en solo à la réalisation avec Lady Bird (2017), portrait sensible d’une adolescente revêche aux aspirations poétiques, puis l’impeccable Little Women (2020). Adaptation aux accents émancipateurs du roman phare de Louisa May Alcott Les Quatre Filles du docteur March, ce dernier achève de faire d’elle une véritable icône du cinéma indépendant américain, aussi à l’aise dans le registre de la pure fantaisie que dans celui d’une gravité riche en élans vitaux spécifiquement féminins.

2. Pour son casting royal

S’il ne plaît peut-être pas forcément à tout le monde (voir la création du ridicule hashtag #NotMyKen jugeant Ryan Gosling trop vieux pour incarner Ken à l’écran…), impossible de nier que le casting de Barbie a tout pour affoler les baromètres cinéphiles, du plus mainstream au plus exigeant. Face au comédien adulé de Drive et La La Land, la superstar Margot Robbie, révélée dans The Wolf of Wall Street de Martin Scorsese (2013), possède d’évidence tout ce qu’il faut de charme, de substance et de piquant pour casser l’image unidimensionnelle et jouer des paradoxes entourant la poupée Mattel. Mais derrière ces deux imparables têtes de gondole platinées, les seconds rôles ne sont pas en reste, qu’il s’agisse de la pop star Dua Lipa en Barbie sirène, de la vedette de la série Sex Education Emma Mackey en Barbie physicienne, de l’incontournable actrice et créatrice afro-américaine de la série Insecure Issa Rae en Barbie présidente ou des comiques Will Ferrell et Michael Cera… Sans même parler de l’icône féministe Helen Mirren, en charge de la narration du film.

Pour ses 50 nuances de rose

Je ne peux même pas vous dire le nombre de réunions qu’on a eues autour de la couleur rose”, lâche Greta Gerwig, sourire en coin, dans une vidéo à destination du site du célèbre mensuel de design américain Architectural Digest. Tous les visuels en lien avec la sortie du film en attestent: Barbie joue à fond la carte kitschissime et surréelle d’un univers de princesse à l’ancienne au carré, débordant d’artificialité plastique à la rutilance rose bonbon. Et puisque la poupée Barbie a été inventée à la fin des années 50, Gerwig dit aussi s’être pleinement autorisée à s’inspirer de l’esthétique des comédies musicales hollywoodiennes de cette époque signées Gene Kelly ou Vincente Minnelli. Pointant encore l’influence décisive de l’usage sublimé du Technicolor dans des classiques comme The Red Shoes du duo Powell et Pressburger ou Les Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy, la réalisatrice revendique une certaine authenticité de l’artifice dans son style visuel avec, par exemple, des toiles peintes dans le décor pour figurer des paysages propres à l’univers Barbie.

Pour sa campagne millimétrée

Contrairement au Studio Ghibli, qui a pris la décision radicale de ne faire absolument aucune promo afin d’accompagner la sortie au Japon cet été de How Do You Live?, nouveau et probablement ultime long métrage du maître nippon de l’animation Hayao Miyazaki, Warner Bros. a mis les bouchées doubles pour faire parler du film Barbie ces derniers mois, tandis que, de son côté, Mattel a multiplié les partenariats à thèmes avec différentes marques, de Primark à Xbox.

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Récemment récompensé aux Golden Trailer Awards pour son teaser aux 11 millions de vues parodiant 2001, l’Odyssée de l’espace avec une Margot Robbie géante faisant figure de monolithe au milieu de fillettes jouant à la poupée au son du Zarathoustra de Strauss, le film s’est patiemment dévoilé dans une série de photos, posters et vidéos ne cessant de faire le buzz. Le tout, notamment accompagné de phrases savamment accrocheuses distillées en interviews, comme celle de Margot Robbie déclarant que Barbie vise avant tout à subvertir les attentes du public et lui offrir “la chose qu’il ne savait pas qu’il voulait”. Bingo?

Pour son côté éminemment casse-gueule

Si vous aimez Barbie, ce film est pour vous. Si vous détestez Barbie, ce film est pour vous.” Conscient du grand écart a priori impossible dans lequel il se lance, le nouveau Greta Gerwig se présente dans son trailer sous ce double slogan paradoxal aux allures faussement rassembleuses. Alors oui, bien sûr, Barbie, le film, qui envoie une Barbie en pleine crise existentielle se confronter à l’âpreté du monde réel, loin de son univers aseptisé de bonbonnière, s’avance en objet ouvertement post-#MeToo, pop, ironique, féministe et inclusif. Mais oui, aussi, ce film inspiré de la poupée Mattel, et donc bien sûr en partie financé par Mattel Films, reste un produit avant tout commercial aux évidentes visées publicitaires. Jusqu’où, dès lors, Gerwig a-t-elle pu aller dans l’impertinence et l’écornage de l’image de perfection lissée qui colle à son modèle? Sous le vernis réjouissant d’une satire acide, le film ne contribuera-t-il pas au fond à renforcer, à son ultra moderne manière, ce qu’il prétend moquer? Réponses à ces questions, assez passionnantes en soi, dès le 19 juillet.

Barbie. De Greta Gerwig. Avec Margot Robbie, Ryan Gosling, Issa Rae. 1 h 57. Sortie: 19/07.

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