Le pâle bilan du 51e Festival d’Angoulême: les impressions de notre envoyé spécial

© Daniel Clowes/Éditions Delcourt
Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

La 51e édition du festival international de bande dessinée d’Angoulême n’aura pour une fois fait ni vagues, ni étincelles. Les impressions de notre envoyé spécial sur place.

Il y a certes eu l’étonnement de voir Thomas Bangalter, ex-Daft Punk, parachuté président du jury, l’agacement habituel qui entoure à chaque fois le palmarès, la visite de la nouvelle ministre de la Culture Rachida Dati, «qui espérait autre chose», quelques agriculteurs pas contents et même des manifestants pro-palestiniens. Mais non, cette année, à notre grand étonnement, le festival s’est déroulé sans parfum de scandale. Même l’intelligence artificielle cause mais ne crée pas d’émoi! Restait un livre et une «contre-histoire» à se mettre sous la dent pour ne pas partir bredouille d’Angoulême.

Niveau Grand Prix, rien à redire: l’autrice anglaise Posy Simmonds semble avoir fait presque l’unanimité des votants, elle aura donc sa grande exposition rétrospective l’année prochaine, après des décennies de désintérêt francophone, mais -c’est ballot- quelques mois seulement après une première exposition à la BPI du Centre Pompidou, à Paris, en cours depuis novembre dernier.

Niveau Fauve et récompenses des albums, c’est plus mitigé: si le Monica de Daniel Clowes tient effectivement du petit chef-d’œuvre, d’autres, dont le Belge Thierry Van Hasselt ou la Française Florence Dupré la Tour, repartent bredouilles malgré leurs très grands livres. Et beaucoup grincent des dents de voir Clowes félicité pour son premier album paru chez Delcourt, après avoir été porté, défendu et soutenu, pendant de longues années, par l’éditeur indépendant Cornelius, bien marri aujourd’hui.

Au rayon des expositions, le petit virage «grand public» pris par la nouvelle direction artistique du festival commence à se faire sentir. Ce fut particulièrement le cas de l’expo phare de cette 51e édition, autour de L’Arabe du futur de Riad Sattouf: une énorme scénographie pour une poignée d’originaux! Reste la fréquentation: elle tourne à nouveau autour des 200 000 visiteurs en quatre jours, un peu moins que l’année dernière, post-Covid, mais au niveau des années qui ont précédé la crise sanitaire. Satisfaisant donc. Sans plus.

La polémique, si polémique il y eût, est toujours à trouver dans le petit livre baptisé Angoulême BD, une contre-histoire que l’éditeur belge La 5e Couche a juste eu le temps de faire imprimer avant l’ouverture de ce 51e FIBD. Co-écrit par le Français Nicolas Finet, auteur et journaliste qui a longtemps fait partie de l’organisation du festival, et le Belge Philippe Capart, bien connu dans le milieu comme l’empêcheur de ronronner en rond, cette Contre-histoire narre à grand renfort de documents et d’interviews un festival qui tient autant de l’enjeu de pouvoir que de la bande dessinée, loin du story-telling habituel.

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