Critique | BD

Et l’île s’embrasa: l’histoire de Porto Rico en gravures

3,5 / 5
© National

John Vasquez Mejías, Éditions Ici-Bas

Et l'île s'embrasa

3,5 / 5
© National
Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

L’histoire de Porto Rico, ce “territoire organisé non incorporé des États-Unis”, est aussi celle, très mal connue par les Portoricains eux-mêmes, “d’une société qui n’a jamais rien décidé par elle-même et pour elle-même” et dont une poignée d’habitants, en 1950, décidèrent -mauvaise idée- de “mener une guerre violente aux maîtres d’une guerre violente”. Cette insurrection anticoloniale passa, à Porto Rico, par la prise aussi brève que violemment réprimée de quelques villes de l’île et, aux États-Unis, par une tentative d’assassinat du président Truman… C’est ce bout d’Histoire que raconte ce secouant embrasement, Et l’île s’embrasa, un premier roman en gravures de John Vasquez Mejías, un New-Yorkais professeur d’art, d’origine portoricaine. Lequel a choisi de ne rien sacrifier de ses convictions artistique assez radicales: mêlant son goût du comics underground sans concession et sa connaissance de la gravure sur bois héritée des grands maîtres, d’Ernst Ludwig Kirchner à Max Beckmann en passant par Lynd Ward, Carl Meffert ou “notre” Frans Masereel, et saupoudrant le tout d’un onirisme et d’une colère romantique typiquement latino, Mejías délivre des planches étouffantes d’un noir profond, riches en gros plans anxiogènes et en traits épais et anguleux. Il y joue en permanence avec un texte riche, imposant mais littéralement intégré à ses gravures. Chapeau bas d’ailleurs à la lettreuse française (Isabelle Le Roux) qui a dû sortir au moins aussi rincée que nous de cette œuvre forte, à laquelle il faudra adhérer pour en apprécier pleinement la puissance, en plus de l’originalité.

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