L’herbe est plus verte à Tomorrowland

© BELGA

La 14e édition du festival Tomorrowland a été lancée en fanfare ce vendredi. Retour sur une première journée déjà bien chargée en gros sons et en excentricités en tous genres. Avec une nouveauté cette année: l’entrée du hip-hop dans l’arène.

Tomorrowland, la grand-messe de l’EDM, « le meilleur festival du monde », a ouvert ses portes ce vendredi à Boom, près d’Anvers, accueillant des hordes de festivaliers de toutes nationalités. Ils seront pas moins de 400.000 au total étalés sur deux week-ends. À l’affiche: un mix bigarré d’électro, de trance, de house, de dance et même une petite touche de hip-hop, nouveauté de cette édition 2018. Sur le coup de midi, c’est le DJ britannique Carl Cox, une des légendes de la techno, qui a lancé le coup d’envoi des festivités, suivi par la Djette belge Charlotte De Witte aux manettes.

Cette année, le thème « The story of Planaxis », plonge les festivaliers dans un monde sous-marin fantasmagorique. Ouvrez grand vos mirettes! La Main Stage, coeur du festival avec son décor changeant à chaque édition, est à la hauteur: totalement époustouflante. Un immense hippocampe occupe le centre de l’espace flanqué de part et d’autre d’énormes coquillages. D’immenses écrans géants intégrés projettent un ballet de pieuvres et de poissons, submergeant littéralement le spectateur dans les fonds de l’océan. Le tout agrémenté de jets d’eau modulables. Et cerise sur le décor en carton-pâte qu’on trouvera (un peu) moins kitsch que celui de l’année passée: il projette des lasers puissants, crache du feu, de la fumée et envoie du lourd niveau pyrotechnique avec feux d’artifice en apothéose. Par intermittence, des danseuses acrobates descendent du ciel, comme par magie, virevoltant au-dessus de la foule. Toujours plus haut, toujours plus fort.

La Main Stage
La Main Stage© Caroline Lallemand

Le hip-hop rentre dans l’arène

Tomorrowland, c’est bel et bien le festival de la démesure, une tentaculaire boîte de nuit à ciel ouvert qui n’a rien, mais alors rien, à envier à Ibiza, avec, au total, pas moins de 17 scènes réparties dans le domaine provincial De Schorre à Boom, métamorphosé pour l’occasion en un vaste parc d’attractions pour adultes, entre ambiance acidulée à la Plopsaland et féérie d’Efteling.

Nouveauté cette année: une scène qui met le hip-hop à l’honneur, l' »Organ of Harmony », où s’est produite pour la première fois à Tomorrowland l’Anversoise Coely, fraîchement gratifiée d’un disque d’or pour son album Different Waters. Parmi les autres artistes du genre programmés, on retrouve le rapeur Lil Kleine, et ce samedi, la pop star britannique Dua Lipa… Sur le coup de 15 heures, ce 20 juillet, c’est le rappeur SCARLXRD qui tentait de faire bouger le public clairsemé devant lui, il aura connu des jours meilleurs, le week-end dernier à Dour notamment, autre endroit, (toute) autre ambiance…

Si une grande majorité des 60.000 festivaliers quotidiens se cantonnent à la Main Stage au décorum grandiose où se produisent les grosses têtes d’affiche qui envoient leurs gros sons d’EDM jusqu’à plus soif, le reste de la programmation est pour plaire à (presque) toutes les oreilles. De la scène en formes de champignons qu’on imagine hallucinogènes, au petit théâtre de verdure niché dans un bois à la musique (presque) lounge à un carrousel survolté, la « Pussy Lounge », où les Technoboy ont, entre autres, lâché leur musique de kermesse à gogo, tous les extrêmes sont permis.

La scène « Freedom » où jouait le DJ Tiësto en fin de soirée ce vendredi est, elle, parcourue de larges bandes d’écrans géants sur ses murs et son plafond. Y sont projetées des images de synthèse hypnotisantes, ambiance clubbing assurée. Surplombant la scène « Rose of Garden », une imposante dragonne crache des roses, sur des reprises survoltées des Cranberries. Autre nouveauté: la scène « Atmosphère », une tente accrochée à une grue qui atteint, à son point culminant, 32 mètres de haut. A l’intérieur, des milliers de LED, pour un effet des plus psychédéliques lors de la performance en toute puissance de Richie Hawtin.

L’ampleur du site se découvre au mieux en prenant de l’altitude, en embarquant dans une des nacelles de la Grande Roue affrétée par le sponsor principal, Brussels Airlines. La compagnie aérienne a fait venir des milliers de festivaliers des quatre coins du monde à bord de son « Amare », l’avion customisé aux couleurs du festival et ses traditionnels « party flights ».

La Main Stage, vue des hauteurs du site.
La Main Stage, vue des hauteurs du site. © Caroline Lallemand

Compète de pectos

Au Disneyland des clubbers, le spectacle est aussi dans la foule. Les « People of Tomorrow » se font un plaisir de suivre à la lettre les codes thématiques annoncés: paillettes sur le corps et maquillage flashy, pendentif en forme d’hippocampe, robe en écaille façon « mermaid » (sirène), serre-tête agrémenté de coquillages,… en phase totale avec le temps chaud de ce début d’été. D’autres, hors thème, mais tout aussi excentriques, se sont déguisés en Égyptien, en chatte, en superhéros, portent des tutus bouffants (oui, oui, même les mecs) ou autres costumes bariolés, arborent des couronnes de fleurs sur la tête (un atelier propose même de les réaliser sur place), des coiffes d’Indiens ou encore des licornes sur le dos.

L'herbe est plus verte à Tomorrowland
© B.S

Compète de pectos musclés et tatoués par ici, longue jupe transparente échancrée en résille sur string noir par là ou bikini riquiqui sur bonnet XXL de l’autre côté, et surtout, grosse tendance festivalière de cet été, micro-shorts à foison. « Quand y’a de la gêne, y’a pas de plaisir », l’adage revêt tout son sens dans cet évènement où les corps de tous âges (précisons toutefois les 25 ans de moyenne) et de toutes formes se dénudent sans complexes. La tradition des drapeaux des nombreuses nationalités présentes – pas moins de 200 – flottant sur l’ensemble du site est aussi bien respectée.

Hommages à Avicii

Le DJ Avicii décédé en avril dernier a eu droit à plusieurs hommages. Un duo de violoniste et violoncelliste a repris le hit Wake Me Up de l’artiste disparu. Les Suédois Axwell and Ingrosso ont offert une reprise du même numéro en hommage à leur compatriote tout comme Hardwell qui a mis le feu à la Main Stage en diffusant le hit du regretté DJ suédois: Levels. Bouffées d’émotions garanties lors du lâcher de drop!

Le festival tient à sa réputation d’évènement irréprochable où, malgré une décadence toute apparente, tout est maîtrisé jusque dans les moindres recoins: propreté, sécurité maximale, fluidité des festivaliers monitorés en permanence pour éviter les goulots et les mouvements de foule. On soupçonne même les organisateurs d’avoir déroulé des centaines de mètres carrés de rouleaux de gazon pour rendre plus moelleuse et verdoyante l’herbe du site victime de la sécheresse qui sévit actuellement en Flandre.

Un site verdoyant
Un site verdoyant© B.S

Mettre son cerveau en mode pause

Dans ce semblant d’utopie, on paie exclusivement en monnaie locale: les « pearls » chargées sur son bracelet et on perd vite de vue l’état de ses finances. Le festivalier aux neurones abrutis par les beats électro, s’il fait l’effort au début de convertir les devises (une perle = 1,60 euro), n’essaie rapidement plus de deviner le prix d’un hamburger ou d’un paquet de frites. Une entourloupe assez vicieuse des organisateurs qui rend (un peu) moins violente la dépense de 10 euros (6,25 pearls) pour un simple verre de limonade agrémentée d’un mini doigt de rhum ou de 7 euros pour un mini-paquet de frites. On ne veut même pas connaître le prix du repas étoilé servi dans le restaurant « Aperto » booké des semaines à l’avance…

Car, à partir d’une centaine d’euros le ticket journalier et 225 euros le « Full Madness Pass », sans accès à Dreamville (le camping), les dépenses moyennes d’un festivalier sur place montent vite au-dessus de la barre des 50 euros par jour. Sans compter les sirènes du merchandising, de la casquette siglée au bermuda, la collection dédiée propose même une tétine de bébé à 10 euros… En gros, si tu veux aller à Tomorrowland, soit tu es riche, soit tu te saignes toute l’année pour t’offrir le sésame tant convoité.

L'herbe est plus verte à Tomorrowland
© Caroline Lallemand

Le DJ américain Steve Aoki était le dernier artiste à se produire vendredi soir sur la scène principale qui le soir tombé prend encore une toute autre dimension, de même que le Néerlandais Tiësto sur la scène « Freedom ». Plus tôt dans la journée Bonzai All Stars, Netsky et Hardwell ont aussi donné le meilleur d’eux-mêmes aux milliers de spectateurs présents dans l’arène lâchant leurs cascades de drops, les mains en l’air. La foire techno remet ça ces samedi et dimanche. Rebelote la semaine prochaine pour la même programmation et toujours cette ambiance hallucinante unique au monde avec au total, plus de 1.000 artistes et 104.000 minutes de musique, démesure quand tu nous tiens…

Tomorrowland, du 20 au 22 juillet et du 27 au 29 juillet. Pour suivre le festival en Live.

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