Julien Broquet

Un visage, une figure. Noir Désir rend l’âme (à qui elle appartient)

Julien Broquet Journaliste musique et télé

Par Julien BROQUET. Denis Barthe commente la fin de Noir Désir dans un face-caméra de quatre minutes posté sur Dailymotion. Derniers soupirs.

Par Julien BROQUET

« Il y a quelques jours, j’ai annoncé que l’histoire de Noir Désir était terminée en tant que telle. Je l’ai fait par l’intermédiaire de quelques médias à qui j’ai donné des interviews. (…) Je savais très bien que mes propos seraient repris, qu’ils seraient découpés. Ils ont par ailleurs été déformés. C’est pour cela, aujourd’hui, que je fais cette intervention. Afin que mes propos soient clairs, nets, précis et que personne ne puisse les détourner. »

Face caméra, une boule dans la gorge, les regrets de la fatalité dans la voix, Denis Barthe introduit son intervention sur la disparition de Noir Désir. Plus que dans le fond, c’est dans la forme, une vidéo de quatre minutes postée sur Dailymotion, que le batteur de Noir Dés, aura marqué les esprits (voir la vidéo en bas de l’article).

Enregistré le 7 décembre dernier et sous-titré d’un décompte chronométrique qui garantit son intégr(al)ité, le film, austère et digne, éclaircissant la mort du plus grand groupe de rock français, ressemble à une communication politique officielle. A un discours du roi pour présenter ses voeux. Puis aussi quelque part à une vidéo d’otage. Symptomatique d’une époque, il mène autant à s’interroger sur la responsabilité journalistique (le poids de l’interprétation, de la falsification et de la commercialisation de l’information) que sur l’avènement des nouveaux modes de communication.

Le « Bertrand Cantat lâché par son groupe », titré du côté de TF1, Denis Barthe ne l’a pas avalé: « C’est élégant, ce n’est pas putassier, vous en conviendrez ». Le Bordelais est donc monté au créneau comme on devrait de plus en plus le voir faire dans les prochains mois et les prochaines années. Que ce soit pour éclaircir un propos, préciser une pensée ou mettre un terme aux supputations, spéculations et autres allégations.

Du JT au site de partage

Le 18 janvier 1987, pour faire taire une rumeur qui la disait atteinte du sida voire morte, Isabelle Adjani devait débarquer au journal de 20h sur TF1 alors présenté par Bruno Masure pour prouver en direct qu’elle était vivante et en bonne santé. Aujourd’hui, il suffit de s’asseoir devant son ordinateur et d’allumer sa webcam. Car terre de toutes les contradictions, Internet, le premier à entretenir le dénigrement, la désinformation, les news pas plus vérifiées que vérifiables, de plus en plus souvent suivi dans ces sables mouvants par les médias traditionnels, est aussi garant de l’expression vraie, brute et sans filtre.

A une époque où tous les artistes ou presque bloggent et twittent, se livrent, balancent des vannes, font leur auto promo via la Toile, ses réseaux sociaux, ses sites de partage en ligne, Denis Barthe est sorti de sa réserve dans les nouveaux médias afin qu’on ne lui prête pas, et plus, des propos qu’il n’a jamais tenus. C’est un peu au final l’histoire d’un groupe qui, envers et contre tout, a cherché l’intégrité jusque dans son dernier souffle. Un visage, une figure. Noir Désir rend l’âme (à qui elle appartient)…

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