Critique

The Sessions

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Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

COMÉDIE DRAMATIQUE | Paralysé par la polio, un homme décide de faire appel à une assistante sexuelle afin de perdre sa virginité. Une chronique trouvant le ton juste.

COMÉDIE DRAMATIQUE DE BEN LEWIN. AVEC JOHN HAWKES, HELEN HUNT, WILLIAM H. MACY. 1H35. SORTIE: 06/03. ***

« Homme, 38 ans, cherche femme pour relation amoureuse, et plus si affinités. En revanche paralysé… Amatrices de promenade sur la plage s’abstenir… » Frappé par la polio à l’âge de six ans, Mark (John Hawkes) y a sacrifié sa mobilité, paraplégique ne pouvant vivre plus de quelques heures en dehors du poumon d’acier lui servant de respirateur artificiel. La vie ne lui a pas fait de cadeau, l’homme n’est pas pour autant du genre à se laisser abattre, poète et journaliste témoignant d’un sens de l’humour affuté. Et qui, après s’être vu confié une série d’articles sur le sexe et les handicapés, va vouloir donner un tour personnel à ses investigations, décidant un jour, avec l’assentiment de son confident de prêtre (William H. Macy), de recourir aux services d’une thérapeute, chargée de son initiation sexuelle. L’entreprise peut paraître hasardeuse; il en faut plus, cependant, pour déstabiliser Cheryl Cohen-Greene (Helen Hunt), assistante sexuelle de son état qui va s’atteler, avec une rigueur toute professionnelle, à l’éveil de son patient, pour l’amener à perdre sa virginité au terme d’un programme de quelques séances.

Appétit de vivre contagieux

Inspiré de l’histoire vraie de Mark O’Brien et de son article On Seeing a Sex Surrogate, The Sessions s’aventure sur un terrain guère prisé par le cinéma, celui du sexe et du handicap. Si le sujet était potentiellement casse-pattes, Ben Lewin (dont le dernier long métrage, Lucky Break, remontait à 1994) s’y attèle avec doigté, cette chronique trouvant le ton juste, sans plus édulcorer ni éluder son propos que trop forcer sur le pathos. L’appétit de vivre de Mark est contagieux, en effet, qui déteint bientôt sur sa relation avec Cheryl, entraînée plus loin qu’elle ne le souhaiterait, comme sur l’humeur même du film, ajoutant à la tendresse qui y préside des strates d’humour appréciables -les confessions de Mark accueillies par le prêtre de sa paroisse avec une sagesse n’appartenant qu’à lui sont autant de petits morceaux d’anthologie.

Mais si The Sessions est une incontestable réussite, il le doit surtout à son couple de comédiens, tout simplement exceptionnels. Abonné aux personnages borderline, de Winter’s Bone à Martha Marcy May Marlene, John Hawkes campe ici, avec une force allant bien au-delà de la mimétique performance d’acteur, cet individu à la fois désarmant et attachant. Helen Hunt ne lui rend rien en conviction, et leur duo, par-delà la singularité de leur relation, dispense un intense sentiment de vérité. On s’engage avec bonheur à leur suite dans ce film empreint d’humanité et d’émotion contenue, et traitant un sujet sensible avec une légèreté bienvenue, jusqu’à se ponctuer sur une note que n’aurait pas désavouée le Truffaut de L’homme qui aimait les femmes.

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