Stromae dans la cour des grands

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Myriam Leroy
Myriam Leroy Journaliste, chroniqueuse, écrivain

Les plus grands veulent bosser avec lui et ne se privent pas de lui cirer les pompes. Jamel Debbouze aimerait ainsi le faire tourner comme comédien, rapport à un truc dans ses yeux, à une exceptionnelle faculté d’écoute. Et au fait que « C’est une publicité vivante pour le métissage, ce mec. » Attention hagiographie.

DOCUMENTAIRE DE CHRISTOPHE DUMOULIN ET DAVID HAREMZA.
Ce jeudi 23 août à 20h10 sur La Deux.

Bien sûr, tout travail documentaire relève d’un point de vue, et donc, forcément, d’un renoncement. On regrette néanmoins que ce Stromae dans la cour des grands (graphiquement très réussi) fasse l’impasse sur les débuts, le rap, un certain abandon de la street cred’, le stage sur NRJ qui lui a permis de faire tourner ses titres, et la collision frontale avec le succès. On retrouve assez peu ici du chouette ket de Bruxelles qu’il nous avait été donné de voir, par exemple, lors d’un Hep Taxi! mémorable. L’orientation est ici clairement hagiographique.

Soit. On rejoint Paul Van Haver à l’issue de sa première grande tournée (Danemark, Tunisie, Allemagne…), les joues ruisselant de larmes, alors qu’il doit retourner à la vraie vie pour écrire un nouvel album. Le film se clôt alors qu’il bidouille des sons sur son Mac, pondant pour l’occasion un texte sur la difficulté de transformer l’essai. Alors on danse a été un tel succès qu’il a emmené le jeune métis sur les routes pendant deux ans, période pendant laquelle il n’a plus rien composé et pense s’être rouillé.

Entre les deux, des déclarations du musicien: sur ses références (Ibrahim Ferrer et Cesária Évora), son milieu (« Je ne viens pas de la rue »), son enfance (« C’était la belle vie! »), sa filiation brellienne (« Le jour où on ne me comparera plus à Brel, je ferai une reprise de Brel »), la mode et les tendances (« Le mot qui m’irait à merveille, c’est « le juste milieu »« ), le pote Arno (« C’est un pur comme moi, un pur Belge »), la Belgique (« Tout est fait dans ce pays pour n’être fier de rien du tout »)…

A côté de ça, ses potes, son entourage, sa famille et ses admirateurs brossent le portrait d’un artiste simple et compétitif, sérieux et gamin à la fois, furieusement créatif. « Un grand leader… qui a su créer un esprit de famille… »

Les plus grands veulent bosser avec lui et ne se privent pas de lui cirer les pompes. Jamel Debbouze aimerait ainsi le faire tourner comme comédien, rapport à un truc dans ses yeux, à une exceptionnelle faculté d’écoute. Et au fait que « C’est une publicité vivante pour le métissage, ce mec. »

Seule faille abordée par un de ses musiciens, « une blessure ». On ne saura pas laquelle, mais le montage a choisi d’accoler à cette déclaration une chanson de Stromae sur la violence conjugale. Voilà pour le revers de la médaille. C’est peu, c’est lisse.

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