Steve McCurry s’expose à Anvers

© PORTRAIT PHOTOGRAPHER, AFGHANISTAN, 1992. ©STEVE MCCURRY ET COURTESY FIFTY ONE FINE ART PHOTOGRAPHY. © DR
Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

Légende vivante du photojournalisme, Steve McCurry s’expose à Anvers. Dans son objectif, 30 années de l’histoire du monde.

C’est une grosse pointure du reportage qu’accueille la Fifty One gallery en la personne de Steve McCurry. L’homme est une sorte de premier de classe du photojournalisme, son parcours est exemplaire -les amateurs de clichés et d’histoires édifiantes en ont pour leur argent. Sa carrière débute sur les pas du journaliste transformiste Günter Wallraff quand, emballé façon pachtoune, il traverse la frontière entre le Pakistan et l’Afghanistan pour rencontrer les moudjahidines, juste avant l’invasion soviétique en 1979. Réussissant à capter les premières images du conflit, McCurry quitte le pays non sans avoir pris soin de coudre toutes ses pellicules dans la doublure de ses vêtements. Ce reportage, le premier qui soit réellement significatif, va le lancer: il reçoit le Prix Robert Capa Gold Medal pour le meilleur reportage photographique à l’étranger. La suite s’apparente à un fabuleux destin. Il signe une cover mythique, dite « de la jeune réfugiée afghane », en 1985 pour le National Geographic Magazine, il entre à l’agence Magnum en 1986… et glane des images fortes aux quatre coins du globe pendant plus de 30 ans -il a couvert la Guerre Iran-Irak, la guerre civile libanaise, le Cambodge, les Philippines, la Guerre du Golfe, l’éclatement de l’ex-Yougoslavie… Son matériel? Hasselblad et Nikon. Côté profession de foi, le Nord-Américain (Philadelphie, 1950) a un faible pour l’attente -« les gens oublient l’appareil et leur âme pénètre dans l’image« – aux images prises en rafale. Il préfère également le portrait à tout autre genre photographique. McCurry ne s’est pas loupé non plus sur le 11 septembre qu’il a vécu de près: il était dans son bureau de Washington Square lorsque les avions se sont écrasés sur les tours jumelles du World Trade Center. Cette proximité lui a permis d’être l’un des premiers sur place pour photographier, jusqu’au lendemain de l’attentat, « l’indescriptible chaos ».

Rédemption chromatique

© PORTRAIT PHOTOGRAPHER, AFGHANISTAN, 1992. ©STEVE MCCURRY ET COURTESY FIFTY ONE FINE ART PHOTOGRAPHY.
© PORTRAIT PHOTOGRAPHER, AFGHANISTAN, 1992. ©STEVE MCCURRY ET COURTESY FIFTY ONE FINE ART PHOTOGRAPHY. © dr

Tout cela pourrait faire de Steve McCurry l’un de ces photojournalistes détestables et prétentieux se complaisant dans son statut d’icône. Il n’en est rien. Le travail du reporter échappe aux lois du genre. C’est sans doute son approche de la couleur -il a longtemps été un chantre des films Kodachrome- qui fait de lui un photographe pas comme les autres. De son travail, quelques images surgissent spontanément, comme Boy in Mid-Flight, 2007 qui montre un jeune enfant courant à travers les rues de Jodhpur. Les murs bleus et ocres, ainsi que les empreintes rouges qui tapissent une partie de l’allée, signent une composition d’une force remarquable. Idem pour Tram, Calcutta, 1997 dont l’enchevêtrement restitue avec une précision incroyable le chaos que peut être l’Inde. Cette attention à un élément souvent relayé au second plan rend le regard de Steve McCurry unique. L’autre axe important de son travail est l’utilisation systématique de la lumière naturelle, élément auquel il porte un soin maniaque.

Eye Witness

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