Spike Jonze en 5 films, ou presque
Il y a d’abord les casquettes multiples de Spike Jonze qui déverse son univers décalé dans la vague hollywoodienne. Car il en fait bien partie, d’Hollywood – et du business. Ça a commencé avec la pub, pour les grands (Nike, Coca-Cola, Nissan…) et continué avec les clips vidéos, toujours du côté des industries lourdes (Daft Punk, Björk, REM, Beastie Boy, FatBoy Slim…). Scénariste, producteur, réalisateur, acteur… Spike Jonze sait jouer de ses différents talents, filer une narration barrée (Being John Malkovitch), produire du white trash à la télé (Jackass) ou surprendre par une sensible et touchante histoire (Where The Wild Things Are). Les thèmesabordés concluent le portrait: de l’amour 2.0 à l’enfance, des affres de la création aux troubles identitaires et désirs désaxés.
L’univers aurait presque pu tomber dans une pâle copie de Woody Allen, mais plus le film avance, plus le génie prend tout son sens. Le scénario, farfelu, grandit de sa propre histoire alambiquée: marionnettiste trouvant un emploi d’archiviste et tombant, par hasard, sur une porte accédant au subconscient de John Malkovich (le vrai, donc). Spike Jonze signe son premier coup d’envoi, et la barre est d’emblée placée haut. Trailer ici.
Adaptation est sans doute le plus cérébral de tous. Le scénario est un mille-feuille loufoque qui brouille les limites du réel entre le scénario du film et ce qui est directement inspiré de la vie de Charlie Kaufman. Le film relate justement les épreuves de l’adaptation cinématographique d’une oeuvre littéraire où Charlie Kaufman (interprété par Nicolas Cage, donc) se voit confier l’adaptation du livre Les Voleurs d’orchidées. Mise en abyme délirante, on ne sait plus vraiment sur quel degré se situer et c’est sans doute ce qui fait l’intérêt du film: se laisser aller. Trailer!
Réalisateur intellectuel de prime abord, Spike Jonze dévoile ici une autre facette de sa personnalité: une capacité à rendre compte des émotions intenses, sauvages, souvent immédiates et spontanée qui peuvent traverser l’esprit d’un enfant. Et il est certain que le film n’est pas seulement « un film pour enfant, mais un film sur l’enfance. » Trailer ici.
Spike Jonze, c’est aussi des vidéo clips et des courts métrages. Parmi ses nombreuses réalisations pour des artistes tels que Daft Punk, Kanye West, Fatboy Slim, Weezer, LCD Soundsystem (et la liste est loin d’être complète), celle d’Arcade Fire séjourne à mi-chemin entre le court métrage et le vidéo clip. Tiré du court Scenes From The Suburbs, l’extrait s’associe délicieusement à la musique d’Arcade Fire. Voir le court métrage en entier ici et le clip d’Arcade Fire
Avec sa dernière pépite, Her, Spike Jonze dessine les traits d’une oeuvre qui laisse progressivement sa marque de fabrique, à la lueur des grands réalisateurs qui se sont trouvés après plusieurs coups d’essais. Et la voix semble se profiler vers le décalé discret, la touche singulière mais sans débâcle, l’original sans exubérance. Le réalisateur décline ici les imbrications de l’amour en y ajoutant une dimension supplémentaire: celle de l’intelligence artificielle. On le pressent déjà comme un pilier parmi les réalisations de Spike Jonze. Trailer là et critique Focus ici
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