Retour sur les six séries de l’été

Maggie Gyllenhaal tient le rôle principal de la série de la BBC, The Honourable Woman. © DR
Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

Les nouvelles séries US ont souvent fait la part belle au fantastique. Mais au final, c’est The Honourable Woman, une fiction britannique aux prises avec l’actualité, qui remporte la mise.

The Leftovers

La tête de gondole HBO de l’été, c’est The Leftovers, nouvelle prise de tête signée Damon Lindelof, qui avait scandalisé les amateurs de Lost en gratifiant la série culte de l’une des fins les plus controversées de l’Histoire. Lindelof revient avec une intrigue tout aussi casse- gueule, puisée dans un roman de Tom Perrota: après la disparition subite et inexpliquée de 2% de la population mondiale, une petite ville tente de continuer à vivre. Obscure dans les intentions, lente et franchement lénifiante par moments, The Leftovers démarre en mode mineur, exploitant le potentiel du pitch de départ sans grand panache. A suivre sur la globalité néanmoins…

The Leftovers VS. Extant
The Leftovers VS. Extant© DR

Extant

Au rayon des satisfactions mainstream, Extant, diffusée sur CBS, place ses pions. Spielberg à la production exécutive, Halle Berry devant la caméra, et quelques marottes du réalisateur d’ET au programme: intelligence artificielle, expériences dans l’espace, évolution du noyau familial. Rythmée, la série entremêle deux intrigues: revenue d’une mission dans l’espace, Molly réalise qu’elle y est mystérieusement (elle était seule) tombée enceinte, tandis que son mari poursuit ses expériences avec leur humanoïde de fils. Divertissement correct, bien que poussé par une interprétation et des dialogues un peu convenus, Extant mérite qu’on s’y attarde.

VERDICT: Quelles que soient les réponses métaphysiques qu’elles nous donneront, Extanti et The Leftovers se départagent jusqu’ici de manière assez simple. Extant est agréable à regarder. The Leftovers un peu moins.

Penny Dreadful

Arrivée en mai sur les antennes de la prolifique Showtime, Penny Dreadful avait de quoi faire frétiller le chaland: John Logan (scénariste de Skyfall ou du récent Noé) et Sam Mendes (réalisateur d’American Beauty, Les Noces rebelles…) en haut du générique, Eva Green, Timothy Dalton ou Josh Hartnett au casting, et une sorte de medley des légendes historico-littéraires britanniques en fond scénaristique. Séduisant a priori. Mais un peu chargé quand s’entrechoquent, entre autres, Frankenstein, Jack L’Éventreur, Dorian Gray et une pléthore de vampires. Pas franchement light, comme régime, même si la réalisation léchée ne manque pas de punch.

Penny Dreadful VS. The Strain
Penny Dreadful VS. The Strain© DR

The Strain

Guillermo Del Toro s’attaque, avec The Strain, à l’adaptation de sa propre trilogie de romans coécrite avec Chuck Hogan. Débarquée sur la chaîne FX à la mi-juillet, The Strain se propose de dépoussiérer l’intrigue à vampires en l’ancrant dans la modernité d’un aéroport. Un avion entier immobilisé, plus de 200 victimes à l’intérieur. Et une interrogation: comment sont morts les passagers? Un virus? Une faille technique? Rapidement gore, mais aussi racée dans la mise en scène qu’énergique dans le rythme, The Strain et ses monstres dégoûtants qui font bien peur ont tous les atouts pour dérouter les amateurs de canines surdimensionnées.

VERDICT: Moins grand-guignol que Penny Dreadful, The Strain ouvre des perspectives autrement plus intéressantes.

The Honourable Woman

Quelques jours avant l’invasion terrestre de Gaza par Tsahal, la BBC diffusait le premier épisode de cette mini-série britannique centrée sur le conflit israélo-palestinien. Sacrée gageure. En alliant mesure, pertinence et science acérée du thriller d’espionnage, la série écrite par Hugo Blick se fend d’un sacré tour de force. L’intrigue nous entraîne dans les pas de l’Israélo-Britannique Nessa Stein (Maggie Gyllenhaal) et son implication dans le développement du réseau Internet en Cisjordanie. Quand le fils de son amie palestinienne (la Belge Lubna Azabal) est enlevée, secrets et services secrets vont se mettre dangereusement en branle… Passé un pilote contemplatif, la meilleure surprise de l’été.

The Honourable Woman VS. The Knick
The Honourable Woman VS. The Knick© DR

The Knick

Steven Soderbergh revient à la télé pour monter cet ambitieux projet appuyé sur deux classiques du genre: le milieu hospitalier et la fiction en costumes. L’action se déroule dans un hôpital new-yorkais, début XXe siècle. Clive Owen y interprète un chirurgien cocaïnomane et raciste aux méthodes novatrices, bien embêté par l’arrivée d’un confrère noir. Dès le premier épisode, on comprend que Soderbergh maîtrise son sujet, tant dans la mise en images (malgré les opérations particulièrement réalistes, estomacs légers s’abstenir) que dans le propos. Avancées de la médecine et progrès des mentalités sont au centre de ce dispositif qui s’annonce solide.

VERDICT: Pour son audace et son originalité, on choisira The Honourable Woman, même si on attend aussi avec impatience la suite de The Knick.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content