Critique

Metro Manila: Voyage au bout de l’enfer

Metro Manila © DR
Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

DRAME/THRILLER | Un couple de paysans gagne Manille pour fuir la misère, et découvre pire encore dans un film intense, sombre et prenant.

C’est en 2008, alors qu’il séjournait à Manille, que Sean Ellis a été impressionné par une scène de bagarre très violente entre deux convoyeurs de fonds, en pleine rue. Cherchant à imaginer ce qui pouvait avoir amené les deux hommes à cette confrontation brutale, celui qu’avait révélé l’autobiographique Cashback (2006) et le très stylé The Broken (2 ans plus tard) a tiré un film de cette interrogation. Metro Manila débute dans la campagne, où un couple de cultivateurs subit une mauvaise récolte de riz et se retrouve sans moyen d’existence. Comme souvent, la seule solution possible pour Oscar, Mai et leurs deux enfants, semble résider dans un voyage vers la grande ville, où il y aura du travail. A Manille où la petite famille débarque, munie d’un minuscule pécule vite disparu dans une arnaque au logement, des emplois existent bel et bien. Mais c’est une place d’entraîneuse dans un bar qui seul s’ouvre à Mai. Et si l’engagement d’Oscar dans une firme de sécurité où il sera convoyeur de fonds se déroule sous les meilleurs auspices apparents, un piège inextricable se refermera bientôt sur lui…

Corruption sur la ville

Le thème de la corruption urbaine, où de naïfs paysans ne peuvent qu’être victimes, n’est pas neuf. Et le cadre philippin a beau être spécifique, le scénario de Metro Manila n’est vraiment original que dans un final habile et surprenant. Mais s’il emprunte des figures connues du drame social et du film noir, cette évocation d’une descente aux enfers morale et physique possède une remarquable force expressive. Par la grâce d’une interprétation crédible et très intense, d’abord, Jake Macapagal faisant notamment forte impression dans le rôle d’Oscar Ramirez. Par celle d’une mise en scène très percutante, ensuite, Sean Ellis faisant preuve une nouvelle fois d’une efficacité certaine. Le public du Festival de Sundance a octroyé son prix à Metro Manila, et il ne sera pas le seul touché par un récit mêlant le thriller avec le drame social de manière remarquablement prenante. Natif de Brighton, ex-photographe de mode (pour le magazine Vogue, entre autre) et réalisateur de spots publicitaires (Jean-Paul Gaultier et Nike, notamment), Ellis est venu à la réalisation de longs métrages avec un important bagage technique, un grand flair visuel, et la volonté d’explorer des situations extrêmes dans le cadre d’une approche cinématographique accessible à un large public. Metro Manila lui permet d’afficher, en plus, une belle capacité d’intégrer un contexte culturel étranger sans verser dans un exotisme trompeur, mais en faisant preuve au contraire d’une intégrité louable. Ses prochains projets seront attendus avec une certaine impatience.

Drame/thriller de Sean Ellis. Avec Jake Macapagal, Althea Vega, John Arcilla. 1h55. sortie: 28/08.

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