L’oeuvre de la semaine : Le piège

© Philippe Metten et Zeno-x Gallery Antwerpen
Guy Gilsoul Journaliste

Le vert pâle et le bleu d’eau suffit-il à apaiser le labyrinthe proposé en tracés fins et géométriques par l’artiste quadragénaire Philippe Metten ?

On pourrait voir dans ce collage, le plan d’une architecture palatiale. On devine les couloirs menant à un losange central à partir duquel, comme dans les villas palladiennes, on pourrait rejoindrait l’extérieur. Mais, pris au jeu de cette observation, on bute sur des impossibilités de relations, des murs et quelque-chose de carcéral. Cela coince et nous engloutit car, on devine aussi la présence des sous-sols dont on ignorera les issues ? A moins qu’il ne s’agisse du plan d’un engin façon guerre des étoiles et de là, l’univers de science-fiction dans lequel l’auteur puise aussi de quoi nourrir sa curiosité. Un petit air connu en somme, populaire et fort éloigné des théories sur la grille irrationnelle développées par l’architecte Charles Jenks, autre source d’ivresse du dessinateur anversois. Oui, autour de l’artiste flamand reconnu internationalement pour ses environnements et décors, gravitent le souvenir des constructions de Kurokawa, Isozaki ou encore Hans Hollein. Mais, dans le cas de cette composition, une autre idée s’impose sitôt qu’on s’interroge sur le choix du carré sur pointe comme base au développement de cette improbable structure. Et aussitôt de se rappeler la « Composition en losange » peinte par Piet Mondriaan en 1925. Le spiritualiste hollandais (qui a fait sienne les missions imposées à l’art par la théosophie), vise alors, à travers un système orthogonal et avec le seul recours des couleurs primaires, du noir et du blanc, à rejoindre la structure essentielle et harmonieuse de l’univers. Or, cette « harmonie » sera re-définie avec, « Boogie-Woogie Victory » peint en 1944 à New-York qu’il a rejoint pour fuir la guerre en Europe. Cette fois, la grille rêvée par De Stijl implose et inocule tout à la fois la vie et l’accident. Comme dans le collage de Metten, la ligne droite, soudain, fait place à l’instant, au trou, au mur. Et de se souvenir de « Innercoma », la vidéo présentée par le créateur belge à Hasselt en 2010. Là, comme dans le collage (et dans l’oeuvre de Mondrian), le spectateur est invité à participer à un voyage tourbillonnaire aux portes de la mort. Notons que ce collage fait partie d’un ensemble d’oeuvres sur papier réalisées entre autres par Borremans, Tuymans, Van Caeckenberghe, Braeckman, Dumas…

Anvers Borgherout. Zeno X Gallery. Godtstraat 15. Jusqu’au 28 avril. Du me au SA de 13h à 17h. www.zeno-x.com

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