L’oeuvre de la semaine: La belle histoire d’Hélène Amazouzou

Autoportrait, Hélène Amazouzou. © Hélène Amazouzou
Guy Gilsoul Journaliste

Lorsqu’elle arrive du Togo en Belgique, Hélène Amazouzou sait que sans papier, sa vie sera précaire. L’ordre de quitter le territoire la glace. Elle vit désormais en sursis. Jusqu’au jour où le hasard lui fait pousser les portes de l’académie de Molenbeek où elle s’inscrit dans l’atelier photo.

Elle y apprend progressivement les techniques de l’argentique, ouvre les yeux. Elle n’avait aucune connaissance dans le domaine, ne connaissait ni l’Histoire ni les grands noms. Un jour, le professeur (Nicolas Clément) propose à sa classe le thème de l’autoportrait. Pour Hélène Amazouzou, ce sera une révélation.

Qui est-elle ? Comment peut-elle apparaître ? Dans un premier temps, elle ne livre que des fragments d’elle-même. Ses mains, ses pieds. Mais dans le grenier où se trouve sa valise, toujours prête, après avoir préparé le dispositif de prise à distance, c’est une figure en pied qu’elle va oser photographier. Pourtant, l’image ne sera pas nette, ni totalement frontale et pour tout dire affirmée. Le décor, comme dans les oeuvres de l’Américaine Francesca Woodman, joue un rôle premier évocateur de la fragilité de l’être. Souvent, en flou, le visage se devine, protégé par un avant-plan posé comme un mur (la valise) et presque absorbé par les motifs fleuris du papier peint, une nuée lumineuse ou une ombre rampante.

Un jour, elle reçoit une convocation de la commune, s’y rend en tremblant : « Félicitation Madame vous avez votre permis de séjour définitif. Il nous faudrait une photo ».

Bruxelles, Académie de Molenbeek-Saint-Jean. 2a rue Mommaerts. Jusqu’au 2 avril. Lu-Je 14-20h/Sa 10-13h www.academiedesarts.be

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