Critique

Libération conditionnelle

Erik Silance nous plonge dans la réalité du Tribunal d’application des peines. Une réalité nourrie ici de pédagogie et de complexité.

LIBÉRATION CONDITIONNELLE, DOCUMENTAIRE D’ERIK SILANCE. ***

Ce mercredi 18 janvier à 20h50 sur BE 1.

Difficile de trouver moment plus pertinent et plus sensible pour diffuser ce nouveau documentaire d’Erik Silance, qui poursuit son exploration minutieuse du système judiciaire belge -tribunaux, prisons et centres fermés lui ont ainsi déjà ouvert leurs portes dans le passé. Quelques semaines après la tuerie perpétrée à Liège par un Nordine Amrani multirécidiviste en liberté conditionnelle, on a lu et entendu les avis les plus divers sur ce système qui a pour objectif, en évitant au détenu d’aller « à fond de peine » -comme on dit dans le jargon-, de permettre une réinsertion plus aisée dans la société.

Cette échappatoire, c’est le Tibunal d’application des peines qui décide de l’octroyer ou non. Erik Silance a pu exceptionnellement assister à certains de ses débats et les filmer. Des images inédites qui démontrent l’humanité d’une justice qui n’est pas à l’abri d’une erreur, et qui, en tentant de se garder de procès d’intention, admet la possibilité du risque dans son raisonnement. Il s’est également entretenu avec quelques hommes aux relations diverses avec la prison. Celui-ci, jeune adulte complice d’un meurtre à l’adolescence, est appelé à voir sa conditionnelle révisée suite à la découverte d’armes factices d’Air Soft dans sa voiture. Celui-là, considéré comme immature mais de bonne volonté, reverra la lumière du jour mais s’en accomodera fort mal. Ce dernier verra sa demande rejetée.

Pour la première fois depuis le début de sa grande fresque sur la justice, Erik Silance accompagne ses images d’un commentaire -c’est que la problématique est complexe et nécessite des explications. Ce que son film perd en émotion humaine, il le gagne donc en pédagogie. Et permet à chacun de se faire une opinion plus juste sur la conditionnelle. Plus juste, pas nécessairement plus favorable, mais nourrie en tout cas d’une réalité qui apparaît plus difficile qu’on ne l’imagine parfois.

Myriam Leroy

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