Critique

Les Stratèges

En ces temps où la France s’est rappelée au bon souvenir du Parti socialiste, un documentaire sérieux sur les stratégies en politique.

LES STRATÈGES, DOCUMENTAIRE DE THOMAS LEGRAND ET DAVID ANDRÉ. ***
Ce mercredi 16 mai à 22h00 sur La Une.

La politique n’est pas qu’une question de convictions. Elle est aussi une affaire de stratégie. Sans blague. Ce documentaire léché, emmené par le journaliste de France Inter Thomas Legrand, ne nous l’apprend pas. Mais il nous emmène à la découverte de ces tactiques plus ou moins fines, via des témoignages de tous les acteurs de cette présidentielle 2012. Tous? Non, Nicolas Sarkozy manque ainsi à l’appel. « On est en contact avec son dircom depuis le début: il ne trouve pas le temps », explique Thomas Legrand. « On aurait aussi aimé interviewer Patrick Buisson. Mais lui, personne ne l’a jamais, il ne parle pas. Sauf une fois, dans Le Monde, à la suite de quoi Nicolas Sarkozy a piqué une énorme colère. »

Patrick Buisson, ancien journaliste d’extrême droite, un temps proche de Jean-Marie Le Pen, qui est aujourd’hui l’un des proches conseillers du président sortant, et qui symbolise bien sa volonté de ramasser des voix tous azimuts. Lui et Henri Guaino, considéré comme un gaulliste social, conseiller spécial et plume de Nicolas Sarkozy.

Mais il n’y a pas que sur le plan de la rhétorique que la stratégie s’articule. Ainsi, le régime de François Hollande est un élément-clé de sa communication. Jean-Luc Mélenchon le commente ainsi: « Plus vous êtes lourds et plus vous fatiguez, et donc plus il faut dormir. Or, on n’a pas le temps de dormir pendant une élection. » Daniel Cohn-Bendit regrette lui « la perte de sa bonhommie » suite à la fonte du candidat socialiste.

Thomas Legrand souligne: « Il y a des convictions dans les stratégies. Il n’y a pas d’un côté la tactique qui serait malsaine et les convictions qui seraient la politique avec un grand P. Ceux qui nous ont parlé dans ce film n’étaient d’ailleurs pas particulièrement cyniques. »

Réalisé sur le long cours, et diffusé alors que le résultat des élections sera tombé, il captive par son ton, proche de la confidence. « Quand on interviewe quelqu’un pour le lendemain, il ne parle jamais de ses doutes, c’est considéré comme de la faiblesse en politique. Ici, on atteint donc davantage certaines vérités. »

Myriam Leroy

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