Le Paris romantique dans toutes ses fièvres au Petit Palais

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FocusVif.be Rédaction en ligne

Turbulences et bouillonnement culturel dans le Paris d’avant Haussmann: une exposition au Petit Palais, « Paris romantique 1815-1848 », restitue l’effervescence de la Restauration et de la Monarchie de Juillet, où la capitale s’embourgeoise tout en restant frondeuse.

Cette promenade à travers trois règnes et deux révolutions englobe la peinture, la sculpture, la littérature, le théâtre, la danse, le luxe, les arts décoratifs, la mode. La scénographie et le choix des tableaux, documents et objets font vivre la rue, les bals, l’animation des salons, les intérieurs bourgeois, les débats politiques et culturels (la bataille d’Hernani) à travers la presse et ses féroces caricatures.

De salle en salle, le visiteur est emmené sur une journée, de l’aube à la nuit.

C’est d’abord à l’aube le Palais des Tuileries où réside la famille royale, mal aimée d’une ville où couve la Révolution.

C’est ensuite le Palais royal, lieu des cafés, des boutiques de grand luxe et des plaisirs excentriques. Une salle recrée le Salon du Louvre où sont exposés les toiles romantiques, souvent grandiloquentes. Puis une autre est réservée à Notre-Dame de Paris, autour du roman de Victor Hugo et de la mode néogothique qui se répand partout.

Viennent ensuite le Paris des révolutions, le Quartier latin de la Bohême des artistes désargentés, la Chaussée d’Antin et la Nouvelle Athènes des salons littéraires, les grands boulevards avec ses grisettes et ses théâtres côte-à-côte dans la nuit.

Le parcours, visible à partir de mercredi et jusqu’au 15 septembre, s’achève sur la révolution de 1848.

Un certain libéralisme

L’exposition immersive, qui a débuté avec des estampes montrant les soldats russes dans Paris occupé de 1814/1815, s’achève avec le bureau de Louis-Philippe aux Tuileries, laissé fracturé par des pillards en 1848. Au dessus, une lithographie d’Honoré Daumier montre l’un d’eux vautré dans le fauteuil du roi: « Cristi… comme on s’enfonce là-dedans », proclame « ce gamin de Paris ».

Cette exposition « illustre comment Paris, une ville qui a perdu sa superbe après la chute de Napoléon, a su rester plus que jamais un grand centre culturel européen qui a vu affluer des talents de partout », explique Christophe Leribault, directeur du Petit Palais.

Paris enregistre une forte croissance démographique, notamment sous la Monarchie de Juillet où elle augmente de 36% pour atteindre le million d’habitants.

Pourquoi cette persistance de l’influence de Paris alors que les trois rois — Louis XVIII, Charles X et Louis-Philippe — qui se succèdent n’ont pas une grande aura? « Le français reste une langue très partagée, Paris est la capitale d’un certain libéralisme de la pensée et les exilés y affluent, de la Pologne à l’Espagne et l’Italie », observe M. Leribault.

Une centaine de musées et d’institutions ont prêté les quelque 600 oeuvres exposées. Notamment le Musée Carnavalet, actuellement fermé pour travaux, et qui détient les archives les plus importantes de l’histoire parisienne.

Dans cette exposition riche, on découvre des livres très lus alors: les « physiologies » de l' »homme marié », du « flâneur », de la « grisette » (terme populaire pour évoquer à l’époque une jeune femme aux moeurs légères)… Témoignages d’une période d’exploration sociale et psychologique.

Un fond musical (Chopin, Litz) et un piano accompagnent le circuit.

Outre cette exposition principale, cent autres oeuvres sont présentées au Musée de la Vie romantique dans le IXe arrondissement. Cette exposition est plus axée sur les salons et les « cénacles » où les écrivains débattaient avec fougue des belles lettres.

150 dessins provenant des collections des musées de Weimar, souvent sélectionnés à l’époque par Goethe, présentent l’Allemagne romantique et mystique de 1780 à 1850 dans une exposition adjacente au Petit Palais: Johann Füssli, Franz Kobell, Philipp Otto Runge, Caspar David Friedrich, Johann Heinrich Tischbein et tant d’autres y célèbrent la nature sauvage et le romantisme exalté.

Cerise sur le gâteau: douze oeuvres peu connues d’Ingres, provenant du Musée du Montauban, sont exposées au sous-sol du Petit Palais.

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