[Le film de la semaine] The Lost City of Z, de James Gray
FILM D’AVENTURES | On n’attendait guère James Gray, cinéaste ayant fait de New York le cadre exclusif de drames à coloration intim(ist)e, sur le terrain du film d’aventures.
C’est pourtant chose faite avec The Lost City of Z, nouvel opus qui l’emmène aux confins de l’Amazonie sur les pas de Percy Fawcett (Charlie Hunnam), explorateur britannique parti, dans les premières années du XXe siècle, à la recherche de son Eldorado. Adaptée du roman éponyme de David Grann, et inspirée de faits réels, l’histoire débute en 1905, par une partie de chasse au cerf. Ayant abattu l’animal d’un tir parfait, Fawcett est pourtant, contrairement à l’usage, snobé par l’élite militaire, l’alcoolisme paternel ayant valu à sa famille d’être déclassée. C’est donc autant par bravade que pour laver l’honneur familial que le jeune officier accepte, quelques mois plus tard, de gagner l’Amazonie, aux confins de la Bolivie et du Brésil, pour y accomplir un travail de cartographe; expédition périlleuse dont il revient persuadé d’avoir trouvé les traces d’une ancienne civilisation qu’il baptise « The Lost City of Z ». Fort de cette conviction, il va bientôt renouer le fil de l’aventure, insensible au danger comme aux sacrifices -il lui faut en effet, à chaque nouveau voyage, laisser derrière lui sa femme Nina (Sienna Miller, sensible) et leurs jeunes enfants. Et de poursuivre son obsession, inlassablement, en dépit d’un scepticisme croissant…
On comprend aisément, à la découverte de cette histoire fascinante, ce qui a pu éveiller l’intérêt de James Gray. S’il y a là, en effet, les composantes d’un film d’aventures de haut vol -on pense forcément à Fitzcarraldo de Herzog et au Apocalypse Now de Coppola-, la nature du récit est autre également qui, au gré des allers et retours de l’explorateur, défriche ce territoire intime indissociable de l’oeuvre du cinéaste new-yorkais. Fawcett s’inscrit ainsi dans la lignée de personnages qui, comme Joaquin Phoenix dans Two Lovers ou Marion Cotillard dans The Immigrant, tentent de se soustraire à leur condition, non sans accéder à une forme de transcendance, et Gray brasse ici des thématiques qui lui sont chères, au premier rang desquelles les dynamiques familiales et la filiation. C’est dire si ce film à la tension singulière est aussi éminemment personnel qui, hanté par la lumière de Darius Khondji, atteint, par-delà certaines longueurs, à une intensité et une grâce souveraines.
DE JAMES GRAY. AVEC CHARLIE HUNNAM, SIENNA MILLER, ROBERT PATTINSON. 2H20. SORTIE: 15/03. ****
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