Critique

[Le film de la semaine] Hell or High Water de David Mackenzie, nouveau western

Chris Pine et Ben Foster dans Hell or High Water de David Mackenzie. © DR
Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

POLAR/WESTERN | Mackenzie signe un néo-western intense et attachant, aux résonances humaines profondes, sur fond de crise économique.

Deux frères. Une banque. Après le hold-up, une fuite à toute allure dans une voiture qui sera bientôt enterrée pour ne pas laisser de trace. Une autre auto servira au prochain braquage. Car il en faudra plusieurs pour sauver la ferme familiale de la saisie qui menace. Et pour ainsi garder la propriété d’un terrain où il pourrait bien y avoir du pétrole, et avec lui les clés d’une vie meilleure pour Tanner, Toby et les fils de ce dernier, partis vivre ailleurs avec leur mère. Toby (Chris Pine) saura garder la tête froide, mais qu’en sera-t-il de Tanner (Ben Foster), au caractère éruptif et qu’a endurci un séjour en prison?

Hell or High Water (Comancheria en VF) se déroule de nos jours, mais tient plus du western que du film de casse contemporain. Certes, les bagnoles ont remplacé les chevaux, mais l’ouest du Texas n’a pas tellement changé depuis que l’urbanisation et l’industrialisation ont rattrapé les cow-boys au crépuscule du genre tel que l’ont fixé gé- nialement un Sam Peckinpah, un Clint Eastwood, un Sergio Leone. Les frères Howard ont les pieds ancrés dans cette terre d’agriculture que l’or noir enrichit de rêves dorés. Cette terre que l’endettement condamne à la saisie par une de ces banques auxquelles Tanner et Toby s’attaquent aujourd’hui, en prenant des risques de plus en plus grands. Car tandis qu’ils braquent les succursales de petites villes mal réveillées, un Texas Ranger flegmatique (Jeff Bridges) et son partenaire d’origine indienne (Gil Birmingham) se sont lancés sur leur piste…

Americana

Belle surprise que ce film révélé au Festival de Cannes, dans la section Un certain regard. Il est écrit par Taylor Sheridan, Texan de souche, comédien (dans la série Sons of Anarchy, notamment) et depuis peu scénariste (on lui doit le script du Sicario de Denis Villeneuve). À la réalisation, le Britannique David Mackenzie confirme sur un mode différent les qualités affichées dans le très intense Starred Up, portrait saisissant d’un jeune criminel confronté précocement à l’univers d’une prison pour adultes. Hell or High Water bénéficie d’une interprétation de tout premier plan, avec notamment un Jeff Bridges au sommet de son art comme il l’était déjà dans True Grit, le western des frères Coen. Les qualités formelles du film sont aussi remarquables, avec un sens des lieux et des êtres peu banal, un rythme s’imposant comme une respiration, une justesse absolue dans la délicate balance de l’intime et du suspense policier, de l’attente et des inévitables explosions de violence. Le film réussit également à être plus que la somme des éléments qui le composent. Son récit prenant est le reflet d’une Amérique rurale cassée par la crise, travaillée par l’injustice sociale et une histoire tragique, où les armes parlent quand les mots ne viennent pas, ou plus.

DE DAVID MACKENZIE. AVEC JEFF BRIDGES, CHRIS PINE, BEN FOSTER. 1H42. SORTIE: 21/09. ****

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