Critique

[Le film de la semaine] Don’t Worry, He Won’t Get Far on Foot, de Gus Van Sant

Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

DRAME/BIOPIC | Une distribution majuscule, où, aux côtés d’un Jonah Hill inattendu, Joaquin Phoenix impressionne une fois de plus, sa présence magnétique entraînant ce film hors des sentiers trop convenus du biopic.

[Le film de la semaine] Don't Worry, He Won't Get Far on Foot, de Gus Van Sant

Trois ans après s’être égaré au Japon le temps de l’embarrassant The Sea of Trees, Gus Van Sant revient en terrain familier avec Don’t Worry, He Won’t Get Far On Foot, un biopic se déployant entre Portland et Los Angeles, et voyant le cinéaste renouer avec une inspiration voisine de celle d’un Good Will Hunting ou de Finding Forrester, tout en continuant à arpenter les allées de la contre-culture américaine. Inspiré des mémoires de John Callahan (Joaquin Phoenix, phénoménal), cartoonist portlandais tétraplégique et ancien alcoolique disparu en 2010, à l’âge de 59 ans, le film s’emploie à en tracer le portrait kaléidoscopique. Et d’adopter une architecture sinueuse, tanguant entre deux époques: celle où Callahan mène une vie de bâton de chaise, buveur impénitent qu’une énième virée en compagnie de son pote Dexter (Jack Black) conduira à l’accident qui va le clouer à un fauteuil roulant. Et celle où, fréquentant un groupe de parole mené par un gourou charismatique (Jonah Hill) en plus de suivre une délicate rééducation, le gaillard s’engage sur la voie d’une improbable rédemption, à laquelle sa rencontre avec Annu (Rooney Mara) et son épanouissement artistique -son trait minimaliste et son humour aussi noir que résolument incorrect feront des ravages- ne seront pas étrangers.

Le programme est chargé, Van Sant s’en acquitte avec un bonheur incontestable. Tout au plus si l’on reprochera à ce film modeste mais émouvant une trop grande sagesse. D’un classicisme assumé, Don’t Worry… n’en reste pas moins un essai de facture plus qu’estimable, porté par un sens éprouvé de la narration -à laquelle les animations de dessins de Callahan offrent des contrepoints ponctuels; soutenu aussi par un ton, sensible sans être larmoyant, auquel la personnalité grinçante du dessinateur apporte les nécessaires aspérités. À quoi s’ajoute une distribution majuscule, où, aux côtés d’un Jonah Hill inattendu, Joaquin Phoenix impressionne une fois de plus, sa présence magnétique entraînant ce film hors des sentiers trop convenus du biopic. Et cela même si Gus Van Sant semble avoir définitivement renoncé à l’audace visionnaire de Elephant, Last Days et autre Paranoid Park…

De Gus Van Sant. Avec Joaquin Phoenix, Jonah Hill, Rooney Mara. 1h53. Sortie: 18/04. ****

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