Critique

Le film de la semaine: Deux jours, une nuit des frères Dardenne

Marion Cotillard dans Deux jours, une nuit des frères Dardenne © Christine Plenus
Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

DRAME | La course à l’emploi et contre l’injustice prend une expression nouvelle devant la caméra solidaire des Dardenne.

Rosetta battait la campagne pour retrouver un job. Sandra se démène pour conserver le sien. Quinze années ont passé entre les deux films, mais l’emploi et sa raréfaction sont toujours au coeur du cinéma des Dardenne… comme ils sont au centre des débats politiques de ce temps. Quinze ans, cela pourrait être la différence d’âge entre la jeune fille campée par Emilie Dequenne et la mère de famille jouée par Marion Cotillard. Qui comme par hasard s’est mariée avec un homme qu’incarne Fabrizio Rongione, le garçon qui s’attachait à Rosetta dans le film de 1999… Conscients ou non, les échos ne manquent pas entre Deux jours, une nuit et la fulgurante première Palme d’Or des frères liégeois. Le nouveau film a pour personnage principal une ouvrière ayant été absente de son travail pour cause de dépression nerveuse et qui s’apprête à revenir quand elle apprend… son licenciement. L’entreprise qui l’emploie, spécialisée dans les panneaux solaires, connaît des difficultés. Et son patron a présenté aux travailleurs un choix aux conséquences majeures: soit ils empochent leur prime de 1000 euros et Sandra perd son job, soit ils y renoncent et elle le conserve. Le vote a eu lieu, Sandra n’a plus d’emploi. Avec l’aide d’une amie, et ayant obtenu du boss un nouveau vote lundi matin, elle n’a qu’un week-end pour faire le tour des collègues et obtenir d’eux qu’ils changent leur décision…

Social, moral, intime

Les Dardenne ont l’art de conjuguer remarquablement, intensément, enjeux social, moral et intime dans une action concentrée, ramassée, haletante. Deux jours, une nuit ne fait pas exception. Sous le titre en forme de compte à rebours (et d’hommage amical au 4 mois, 3 semaines, 2 jours de Cristian Mungiu… dont les frères ont coproduit un autre film), il interroge ce qui peut rester de la solidarité ouvrière, fustige une logique économique et patronale devenue aberrante d’injustice (la responsabilité est lâchement mise entre les mains des travailleurs), et exalte l’intégrité d’une femme, d’un couple, confrontés à l’impensable. Face à un Fabrizio Rongione solide, inspirant, Marion Cotillard fait presque totalement oublier son statut de star. L’actrice française embrasse son personnage, étreint sa détresse et ensuite son combat, avec une vérité palpable. Deux jours, une nuit touche juste et bien, même si on peine à y retrouver le sentiment d’urgence de La Promesse, de Rosetta ou du Fils surtout, cette force stupéfiante qui nous chevillait aux personnages jusqu’à nous faire respirer à leur rythme.

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