KunstenFestivalDesArts, scènes in the city

100% Brussels © Rimini Protokoll/Bea Borgers
Nurten Aka
Nurten Aka Journaliste scènes

Festival international avec ses spectacles disséminés aux quatre coins de Bruxelles, le KunstenFestivaldesArts (KFDA) démarre ce week-end. La programmation nous fait le grand écart, du spectacle silencieux à la performance fracassante. Un Kunsten de routine.

Ce n’est plus un festival, ce sont des retrouvailles. Pas mal d’habitués (Rimini Protokoll, Forced Entertainment, Transquinquennal, Benjamin Verdonck…), quelques découvertes (Leonardo Moreira, Maria Hassabi…). Et des présences rares avec Claude Régy ou Tsai Ming-liang. En coulisses, des voix évoquent un festival « essoufflé, ronronnant, en perte d’audace et de découvertes ». A éplucher la programmation à disposition du public, c’est plutôt le règne de l’emphase. Le festival, juge et partie, multiplie les annonces: « magnétique », « artistes hors du commun », « apothéose », « à vous donner le vertige », « magistral », « au sommet de son art », « révélation »,… Or, le KFDA vit sur ses acquis, son style expérimental, avant-garde, « pointu », urbain. Au-delà des annonces et des passions, le Kunsten reste une réelle aventure. On vous a donc épluché la programmation en trois mots de passe: participatif, politique, poétique.

Spectacles participatifs

Pas mal de propositions du Kunsten jouent sur la participation du public. Evidemment, faut aimer le genre… Avec 100% Brussels, le collectif Rimini Protokoll (Berlin) a peaufiné un spectacle avec 100 Bruxellois pour interroger la ville: un théâtre-documentaire visant à donner « un visage humain à des statistiques ». A Bozar, la performeuse Kate McIntosh nous convie à casser des objets domestiques dans son Worktable, avec lunettes de protection et établis mis à disposition des spectateurs! Objectif: « Inviter à recomposer sa relation avec le monde matériel. » (sic). Aux Brigittines, le collectif anversois « Berlin » propose un théâtre-documentaire et multimédia dans Perhaps all the dragons. Ils ont récupéré des récits qu’ils partagent dans un « polyptique digital avec 30 récits, 30 écrans vidéos autour d’une table et autant de spectateurs ». Dans le quartier du Wiels, Sarah Vanhee, dans Untitled,nous embarque chez des inconnus qui nous présenteront leurs attachements à leurs objets… d’art. Coté danse, une « apothéose » annoncée: le Batucada du Brésilien Marcelo Evelin. Une parade « procession urbaine, fête païenne… » avec 50 citoyens-performeurs et, bien sûr, la participation du public dans les rues de la ville.

Pièces politiques

L’édito du Kunsten démarre sur les élections de mai, accusant une politique-spectacle « n’arrivant plus à s’inscrire au coeur de la vie des citoyens ». Le festival s’engouffre dans cette actualité-là. Aidé par des politologues, l’artiste Christophe Meierhans travaille depuis un an sur une… nouvelle Constitution, qu’il présentera dans une performance interactive avec le public. Rayon théâtre politique, à ne pas rater, en vrac: The Party du Hongrois Árpád Schilling, ou l’épopée d’un village dans lequel s’insinue un parti autocratique, le Macbeth du Sud-Africain Brett Bailey, une version « théâtre musical » de Verdi revu par Fabrizio Cassol, avec l’exploitation du continent africain en toile de fond. Mais encore Timelossde l’Iranien Amir Reza Koohestani, qui infiltre des questions politiques dans des histoires quotidiennes, ou The Civil Wars du Suisse Milo Rau, un spectacle-documentaire autour de jeunes Européens s’embarquant dans le jihad en Syrie, où l’« esquisse d’une Europe aux prises avec la Guerre sainte ». Côté danse: la Brésilienne Lia Rodrigues, la « chorégraphe des favelas » et ses épopées grouillantes de masses et de solitudes, revient avec son nouvel opus Pindorama.

Scènes poétiques

Les perles poétiques du festival s’annoncent dès l’ouverture, avec le cinéaste chinois Tsai Ming-liang qui, en plus de la rétrospective qui lui est consacrée au cinéma Galeries, crée pour le QG du Kunsten (l’ancien cinéma Marivaux) une pièce méditative sur « la figure d’un moine bouddhiste chinois du VIIe siècle » (sic). Ailleurs, on nous annonce une ode au silence dans The Monk From Tang Dynasty. On retrouve avec bonheur le metteur en scène d’orfèvrerie minimaliste, Claude Régy (91 ans!) avec Intérieur de Maeterlinck, un drame familial au casting… japonais! Autre poésie avec l’artiste « pyromane » Gwendoline Robin dans un spectacle-performance annonçant la couleur: J’ai toujours voulu rencontrer un volcan -on la croit. On se méfiera par contre de Quarante-et-un, la nouvelle création de Transquinquennal sur « la beauté »: au récent festival XS, ils nous ont interrogés à travers un immense furoncle dégeu sur grand écran… Transquinquennal, où l’art des chemins de traverse. Côté danse, on verra Eifo Efi, un duo de Mandafounis & Mazliah mettant en mouvement une tension entre l’image et sa perception. Enfin, inconnu au bataillon, et potentielle totale découverte en provenance directe de… São Paulo: Leonardo Moreira et ses 02 Ficções, histoire labyrinthique autour d’un homme, brouillant la réalité par la fiction et vice-versa.

Bon Kunsten comme on dit! Il y aura à boire et à manger. Et aussi le QG after-party DJ dans le squat arty du Cinéma Marivaux pour les rencontres, et plus si affinités…

  • KunstenFestivalDesArts, jusqu’au 24 mai, à Bruxelles.www.kfda.be

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