Critique

I Wish

COMÉDIE DRAMATIQUE | Kore-eda signe un film à hauteur d’enfants, l’histoire de deux frères séparés par le divorce de leurs parents, et brûlant de voir leur famille réunie. Enchanteur.

I WISH, COMÉDIE DRAMATIQUE DE HIROKAZU KORE-EDA. AVEC HIROSHI ABE, NENE OTSUKA, KIRIN KIKI. 2H08. SORTIE: 25/04.

Révélé au milieu des années 90 par le souverain Maborosi, qu’allait bientôt suivre le non moins mémorable After Life, Hirokazu Kore-eda s’est affirmé comme l’une des voix les plus inspirées du cinéma japonais contemporain. S’il s’est épanoui dans le sillage d’illustres aînés, Ozu et Naruse en particulier, le réalisateur nippon a su aussi emprunter des voies on ne peut plus originales -démonstration par Air Doll, formidable méditation sur la solitude et l’aliénation qui voyait une poupée gonflable prendre vie dans l’environnement déshumanisé d’une mégalopole.

Après cet essai audacieux, I Wish le voit revenir à des aspirations en apparence plus classiques, le film lévitant en un espace rendu familier par Nobody Knows et Still Walking notamment , quelque part entre enfance et chronique familiale donc. Au coeur du récit, deux frères, que le divorce de leurs parents a séparés. L’aîné, Koichi, est parti vivre avec sa mère chez ses grands-parents au sud de Kyushu, au pied du mont Sakurajima, tandis que le cadet, Ryunosuke, est resté avec leur père à l’autre extrémité de l’île. La situation leur apparaissant à l’un comme à l’autre intolérable, les deux gamins vont entreprendre d’y remédier, avec la foi enfantine déplaçant les montagnes -voire un volcan menaçant d’éruption. La mise en service d’une ligne de TGV traversant l’île viendra attiser leur espoir en de prochaines retrouvailles familiales, la légende voulant qu’un voeu puisse s’accomplir à l’endroit précis où se croisent deux trains à grande vitesse.

En mode doux-amer

C’est à une drôle d’aventure juvénile que convie Kore-eda, pour un film dont l’essentiel de l’action réside dans les efforts de ses deux protagonistes centraux, rejoints par quelques camarades, pour voir leur(s) souhait(s) se réaliser. Filmé à hauteur de ces gamins, I Wish ne fait certes pas l’économie d’une certaine candeur, pas déplaisante au demeurant. L’entreprise est aussi savoureuse que charmante, qui vaut son pesant de moments délicieux, en même temps que s’y dévide le fil d’une enfance déclinée en mode doux-amer. Teinté encore de mélancolie, le film produit bientôt une impression persistante, liée notamment au fait que Kore-eda n’a guère d’équivalent pour rendre les choses les plus simples particulièrement pénétrantes, et en inscrire le cours dans un autre, plus vaste. I Wish ne fait pas exception à la règle, qui est gagné par endroits par une grâce diffuse en même temps que la caméra capte ce qui ressemble à un frémissement d’éternité. Ancrée dans un quotidien limpide et complexe à la fois, cette histoire de famille s’inscrit dans la droite ligne d’une oeuvre discrètement bouleversante. Soit un petit miracle de film…

Jean-François Pluijgers

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