Guy Verstraeten

Humour à taches

Guy Verstraeten Journaliste télé

Le petit écran nous abreuve de spectacles faciles et populos ces derniers temps. Une formule qui marche, mais que l’on doit continuer à dénoncer.

La chronique de Guy Verstraeten

Ah ce qu’on peut snober sous cape la concurrence, du côté du boulevard Reyers. Et dire de TVI qu’elle racole. Si dans certains contextes, l’accusation ne manque d’ailleurs pas de chair, dans d’autres, elle ressemble furieusement à une paille dans l’oeil du voisin. Domaine aussi délicat qu’indécis à la télévision (voir le ratage du Belge comme Eddy show), l’humour ne semble fédérateur, à l’audimètre, que s’il est bas de plafond. La RTBF a bien assimilé le principe. Et l’avait déjà assimilé au temps béni (ou pas) de Bon Week-End, quand Stéphane Steeman et feu Bernard Perpette tapaient dans les accents pour faire frissonner de rire les pénates du vendredi. Un vendredi où, début juin, Reyers programmait en prime time le spectacle d’Anne Roumanoff, comique drôle comme un contrôle fiscal mais foncièrement populo dans l’approche. La recette fonctionne, pas de raison de s’en priver. Quand il descend sous le 0 de la finesse, quand il ne s’abaisse pas à convoquer l’intelligence et le pouvoir de décryptage du téléspectateur, l’humour rassemble. Et paye.

Cette semaine, la Philippot & Co ressort d’ailleurs son cheval de course préféré: mis en sauce par les frères éponymes, le pénible Signé Taloche cartonne les audiences depuis plus d’une décennie. Et ça fait un peu peur. Parce que leur émission ressemble à du sous-Patrick Sébastien. Parce que depuis J’ai encore rêvé d’elle, sketch limite malin sans être hilarant, les 2 frères s’enfoncent toujours plus dans la facilité. Au point que leur show du dimanche soir s’affiche comme une lasagne de clichés où, couche sur couche, l’humour de fin de mariage vient taquiner les moments de bravoure dignes d’un Marc Herman. Tout en faisant passer François Pirette pour Pierre Desproges.

Nostalgie?

Tiens, Pirette… Lui, c’est le lendemain qu’il s’invite dans les postes. Pour fêter la première année sans gouvernement d’un pays que ses sketches, fins comme des semelles à drag queen, tentent de dépeindre à la grosse louche. Puis ce sera Herman et son 8936e Stuut. Si en plus, on ajoute la nouvelle émission de Lagaf’, diffusée sur TF1 ce samedi, on commence à avoir des fourmis dans la tolérance… Sans revenir à la BBC et au Flying Circus des Monty Python, sans tomber dans la nostalgie d’un Petit Rapporteur, sans fantasmer sur la Grosse Emission où Kad et Olivier dynamitaient la chaîne Comédie, on peut quand même se rappeler que la RTBF, jadis, laissait libre cours aux pitreries créatives et cinglantes d’un Philippe Geluck (Un peu de tout) par exemple. Lequel ne prenait pas le téléspectateur pour une courge.

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